Rema…nie…ment pas?
Aucun n’entre, aucun ne sort. Telle est la particularité de cette nouvelle équipe gouvernementale si tant est qu’on puisse la qualifier ainsi; un vrai jeu de chaises musicales qui intervient à un mois du premier tour de la présidentielle et à quelque une semaine de la signature à Ouagadougou de l’Accord préliminaire entre le pouvoir et les groupes armés qui occupent Kidal.
Sans doute ce réaménagement est-il dicté par la feuille de route issue des négociations entre les deux camps protagonistes de la crise.
Preuve, s’il en est, de la volonté du gouvernement transitoire de poser les jalons qui mènent vers la mise en œuvre de cet Accord préliminaire.
Ce modus vivendi porte essentiellement, on se rappelle, sur le déploiement de l’armée et de l’Administration dans la ville contrôlée jusque-là par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Une autre singularité de ce réaménagement ad hoc est l’apparition de nouvelles nomenclatures dans l’armature gouvernementale du Premier ministre Django Cissoko.
Comme le ministère de l’Economie et de l’Action humanitaire en remplacement de celui de l’Economie, des Finances et du Budget. Certes à l’issue de la présidentielle de juillet, un nouvel exécutif verra le jour.
Mais la création, d’ores et déjà, d’un département à part entière pour les questions humanitaires pourrait être interprétée, si besoin était, comme traduisant la volonté de Bamako d’inscrire la reconstruction et la réconciliation comme une de ses priorités d’actions à venir.
Une vision d’autant plus à féliciter qu’une bonne partie de l’avenir de l’Accord de Ouagadougou se jouera durant l’après-présidentielle.
En effet, l’article 21 dudit Accord stipule: «A l’issue de l’élection présidentielle et soixante jours après sa mise en place, le nouveau gouvernement du Mali, en collaboration avec la Commission dialogue et réconciliation, entamera, avec la communauté internationale, des pourparlers de paix avec toutes les communautés du Nord».
Ce qui suppose que tout sera mis sur cette table de négociations. Surtout la question du retour des réfugiés ainsi que des personnes déplacées et leur réintégration, la démobilisation suivie de la réinsertion socioéconomique des groupes armés du Nord-Mali, les revendications sociales et économiques du MNLA, la protection des droits de l’homme et la justice.
Autant de préoccupations hautement humanitaires dont le traitement par le nouvel exécutif conditionnera l’issue de la crise. Nul doute que le décaissement effectif des plus de 3 milliards d’euros promis par la communauté internationale dépendra de la volonté du futur gouvernement légitime d’examiner toutes ces questions, qui empoisonnent les relations entre le sud et le nord maliens.