Paix à son ame!
Il aura marqué la vie politique et religieuse ces 40 dernières années au Maroc. Abdessalam Yassine est mort le 13 décembre à Rabat. Le fondateur et chef spirituel du mouvement islamiste, le très influent « Justice et Bienfaisance », s’est éteint à l’âge de 84 ans. Ses funérailles ont eu lieu, vendredi 14 décembre, à l’occasion de la prière à la mosquée Sounna de Rabat. Partisan de l’instauration d’un Etat islamique sans violence, Abdessalam Yassine aura été un opposant farouche à la monarchie et au roi Mohammed VI. Et de nombreux Marocains ont été séduits par son combat. Que laisse-t-il comme héritage?
Trente ans après sa création, Justice et bienfaisance, est l’une des plus importantes forces politiques et religieuses au Maroc. Personne ne connaît le nombre exact de ses disciples. Mais ce mouvement est le seul actuellement à pouvoir faire descendre un million de personnes dans la rue.
Comment expliquer un tel succès? Le mouvement « Justice et Bienfaisance » n’est pas un parti politique ni même une association avec une existence légale.
Et c’est sans doute là une partie de sa capacité de séduction: refuser de participer à la vie politique qui, pour beaucoup de Marocains, est synonyme de corruption et de compromission.
Ensuite, dès sa création le mouvement a ciblé les zones rurales, traditionnellement délaissée par les islamistes plutôt en ville. Politique de proximité et encadrement des familles au quotidien sont sa marque de fabrique.
Enfin, contrairement à d’autres mouvances islamistes du monde arabe qui se réfèrent à l’idéologie salafiste, « Justice et Bienfaisance » repose sur le soufisme qui est l’islam traditionnellement pratiqué au Maroc et donc connu des gens. Malgré la disparition de son leader spirituel Justice et bienfaisance est donc suffisamment structurée pour perdurer.
Reste à savoir comment le mouvement va se développer idéologiquement: rester une force de contestation en marge de la vie politique ou devenir un réel parti politique d’opposition.
Témoignages
Khalid Yassine – Fils d’Abdessalam Yassine: « Je retiens surtout l’image d’une personne pacifique et non violente. Il a été emprisonné, interné parce qu’il a osé s’en prendre à la monarchie royale à une époque où personne n’aurait osé le faire« .
Mohamed Salmi – Sociologue, membre du cercle politique de l’association islamiste « Justice et Bienfaisance », fondée par feu Abdessalam Yassine: « Cheikh Yassine a laissé un très grand héritage pour les Marocains, pour tous les musulmans et pour toute l’humanité. Son discours était un discours de tolérance, d’ouverture, du respect de l’autre. Il était à l’écoute des gens même de ses adversaires« .