« Rabat »…tre le niveau de pollution!
Après le maigre accord de Doha et les échecs des sommets de Copenhague et Durban, les négociations sont tournées vers 2015 en espérant un accord groupant au moins 90% des pays.
La lutte contre le réchauffement climatique a piétiné et certains grands pays pollueurs ont déjà fait savoir qu’ils ne signeront pas le prochain traité de lutte contre le réchauffement planétaire prévisible, et ce en dépit des mises en garde et avertissements lancés par l’ONU et la communauté internationale depuis 2008.
Dès 2020, les experts du GIEC s’attendent à une augmentation nette de la température moyenne annuelle planétaire, comprise entre 0,6°C et 1,1°C.
En Afrique et alors que le Maroc aspirait à devenir un modèle en matière de conversion progressive vers les énergies renouvelables propres avec un objectif espéré de 42% en 2020, le ministère de l’Energie marocain a donné son aval à des compagnies étrangères en vue de préparer l’exploitation des sables et schistes bitumineux en mines à ciel ouvert (Tarfaya).
Officiellement, l’Office marocain des hydrocarbures et des mines (ONYHM) a autorisé en avril 5 compagnies internationales à commencer les forages d’exploration qui permettront d’évaluer plus précisément les réserves du Maroc en gaz de schiste ou résidus pétroliers.
Le Maroc dispose de réserves importantes de schistes, soit environ 50 milliards de barils des réserves en schistes et le pays va progressivement rejoindre ainsi le club du Top 10 des pays les plus pollueurs de la planète s’il persiste dans une politique de développement de stations de traitement-raffinage des sables bitumineux.
Mi-avril, une pétition a été lancée par des ONG et des associations écologiques et les initiateurs du sit-in 21 avril sur la place du Parlement à Rabat (plus de 1600 participants) contre les autorisations d’exploration ou d’exploitation du gaz et de l’huile de schiste attribuées aux compagnies étrangères, ont enregistré en première semaine un peu plus de 600 signatures afin d’infléchir la décision du gouvernement.
A noter que l’Afrique représentait fin 2012, seulement 2% de la pollution atmosphérique mondiale, et le Maroc fut classé jusqu’en 2009 en 59ème position mais passera rapidement à un nouveau classement alarmant vers le groupe des 10 à 15 premiers grands pollueurs de la planète.
Si le Maroc est en passe d’émettre des gaz à effet de serre équivalents à l’ensemble de la pollution émise par tous les autres pays africains.
Inondations dues à l’élévation du niveau des mers, surchauffes, pénuries et pertes agricoles … menaceraient le Nord et le Sud de la Méditerranée et le reste de l’Afrique en 2025-2100.
Au début du siècle dernier, le Maroc a connu des périodes de sécheresses mais assez espacées dans le temps jusqu’aux années 50, puis le cycle-période de retour des sécheresses s’est rétréci et on a connu des années (5 à 6) presque sans pluies et actuellement, tous les 3 à 4 ans. On prévoit vu l’accroissement de la pollution atmosphérique planétaire et l’augmentation de l’effet de serre, une périodicité encore plus rapproché 2 à 3 ans (années de manque ou faible pluviométrie).
Le Maroc a milité autant que beaucoup de pays voisins africains ou ailleurs pour dénoncer les changements climatiques dus à des gaz à effet de serre et demandé aux pays pollueurs de respecter le 1er Protocole de Kyoto et freiner leurs émissions de gaz qui risquent de mener la planète à sa perte.
Seulement, après les échecs des Sommets de Copenhague et Durban et puis Doha, on constate une certaine indifférence et on assiste aujourd’hui à un manque aux engagements initiaux après l’annonce du ministère marocain de l’Energie sur la relance des chantiers d’exploitation des réserves naturelles de schistes bitumineux alors que de nombreux pays ont bloqué ces projets sur leurs territoires.
L’avancée inexorable du désert vers le Nord et bientôt vers les villes de Marrakech et Agadir, les signaux d’avertissements et clignotants rouges lancés par les experts de l’environnement au Maroc et à l’étranger sur les changements accélérés du climat mondial, ont laissé indifférents les hauts fonctionnaires du ministère de l’Energie. Les responsables ont aussi oublié que dans le pays il existe un Parlement, des partis politiques et surtout un peuple à consulter. Celui-ci a le droit de donner son avis et accepter ou refuser de telles décisions ministérielles qui peuvent nuire à l’environnement du pays mais aussi à l’avenir de la planète entière.
A rappeler aussi qu’à côté des maigres retombées fiscales ou économiques résultant des exploitations des schistes bitumineux (l’Etat et le pays recevront un pourcentage très limité de la part des compagnies se réservant le droit d’exploiter les mines), le pays va devoir faire face tous les 2 à 3 ans au manque de récoltes et importer en devises entre 4 et 6 millions de tonnes de blé (comme en 2012, et plus encore dès 2020), et importer d’autres matières ou produits agroalimentaires en vue de couvrir les besoins de la population locale et du tourisme, sans oublier les conséquences graves sur les terres agricoles touchées par l’avancée du désert ou la baisse du niveau des nappes phréatiques.
Le déficit commercial extérieur du pays va peser certainement sur l’avenir et la liberté de gestion et l’autonomie macro-économique du gouvernement face aux exigences des marchés extérieurs et vis-à-vis du FMI et des pays ou banques étrangères qui ont prêté à l’Etat ou participé à des projets locaux ces 15 dernières années ou auprès des organismes et institutions de notation-évaluation des situations macro et éco-financières des pays.
Autres facteurs à risques à prendre en considération:
– Appparition de nouveaux trous d’ozone en Afrique du Nord et en Afrique subtropicale causés par la montée des gaz à effet de serre vers l’atmosphère, provoquant de nombreux dégâts sur l’environnement de plusieurs pays voisins ou lointains et affectant la santé et la survie des humains et animaux locaux (cancer de peau, perturbations visuelles, maux de tête, etc.) tout en accélérant les décès des vieux ou des jeunes.
– Le chômage et la migration progressive vers les grandes villes des paysans en cas d’accroissements des effets négatifs dus aux changements climatiques.
– Baisse du couvert végétal forestier ou en champs et vallées agricoles au Maroc mais aussi dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et même d’Europe.
– Diminution du taux de couverture des barrages d’eau potable, et baisse du niveau des nappes souterraines en zones Sud et Nord oriental notamment du Maroc.
– Pollution environnementale sur terre et en mer aux abords des mines à ciel ouvert de sables bitumineux en zones traitées au Maroc.
– Absence de régulation environnementale et juridique claire sur les sources polluantes de types gazeux au Maroc.
– Non-respect des engagements du Protocole de Kyoto signé par le Maroc en régulation environnementale et réduction des sources d’énergie à effet de serre.
– Risque de retrait du PAUS du prochain Protocole II dont la signature est prévue dès 2015.