Sans les selfies et les bains de foule dans les places, Matteo Salvini ne fait plus le même effet qu’avant. Le leader de la Lega se retrouve acculé comme dans un angle de ring et arrête sa course. Les sondages sont inquiétants et même sa ligne politique est mise en discussion au sein de la Lega, à commencer par le n°2 du parti, Giancarlo Giorgetti. Et sur divers sujets, le centre-droit est un fantome…
Ce n’est donc certainement pas un hasard si, il y a quelques jours, plus d’un des colonels de son parti a commencé à douter de son avenir, de ce qu’il adviendra du secrétaire qui a eu le mérite de booster la Lega de 4% à 34%. “Il a perdu sept points de pourcentage en deux mois“, se plaint un soldat ‘léghiste’ qui connaît son général, ajoutant une apostille qui montre la situation bouillante: “Si l’urgence du Covid-19 dure un an, on se retrouvera à 4%“. Sur la table du secrétaire de la Ligue, les sondages qui arrivent parlent clairement.
Depuis l’explosion de la crise du Coronavirus, la Lega est passé de 31% à 27%. Et le leader ‘léghiste’ s’est emballé, oscillant entre une main tendue au gouvernement en signe d’unité nationale et une sortie sur Facebook, à évoquer un référendum sur la sortie de l’Italie de l’Europe. “Ce serait compréhensible“, grogna-t-il à peine quelques semaines, sur la chaine Tv de Telelombardia.
Et puis au sein du parti fondé par Umberto Bossi, se produit ce que dit Edoardo Rixi, colonel du salvinisme, tranquillement, timidement, presque comme s’il ne voulait pas être entendu: “Matteo ne peut pas aller sur les places, dans les territoires et ne peut pas sortir de l’angle“.
Complice, le Covid-19 qui a mis la politique en crise, mais surtout il a mis en crise ceux qui, comme l’ancien ministre de l’Intérieur, se retrouve sans la campagne électorale et sans ces élections régionales qui, selon ses dires, lui auraient servi à donner le coup d’èpaule final au gouvernement de l’ennemi Giuseppe Conte.
Quelqu’un comme Giancarlo Giorgetti pendant des semaines lui a conseillé de changer de gamme. “Je lui ai dit dans toutes les sauces, mais il ne m’écoute pas“, se serait-il défoulé le lundi de Pâques avec des amis. Depuis, ils ne causent plus et on parle d’une rencontre/conflit qui aurait marqué la discussion et aurait eu pour objet le MES (Mécanisme de Stabilité Européen) qui a déclenché la rupture au centre-droit, avec l’allié Silvio Berlusconi qui s’est entre-temps découvert un fan du “Fonds de Sauvetage des Etats), sans conditionnalité. Depuis ce jour, Giorgetti aurait sombré dans la lassitude d’avoir suggéré la voie de la responsabilité mais sans trouver de réponse. “Nous devons être crédibles, nous devons faire des propositions, moins de tweet, plus de sérieux. Y en a assez de faire la course à qui raconte la plus grosse balle“, insiste un député attribuable à la sphère de Giorgetti.
Les chemins de Giorgetti et de Salvini semblent se séparer. Bien que, rappelle un sénateur, “c’est un parti léniniste”. Et si Giorgetti, travaille à prôner un gouvernement de solidarité nationale dirigé par l’ex président de la BCE (Banque Centrale Européenne), Mario Draghi, qui aurait la tâche ardue de relancer le pays après l’urgence sanitaire, Salvini, lui, fait un raisonnement qui ressemble à ceci: “Je ne fais pas de loterie de noms, je me fiche de savoir qui sera là après Conte. Nous travaillons maintenant, nous avons une idée claire de ce que sera l’Italie dans les années à venir et, tôt ou tard, nous voterons à nouveau et nous serons mis à l’épreuve du gouvernement”. Aussi parce que la crainte de Salvini, si un exécutif de l’unité nationale voyait le jour, serait liée au fait que son autre alliée, Giorgia Meloni, l’étoile montante d’une ex-droite issu de l’ex- parti post-fasciste MSI (Mouvement Social Italien), n’accepterait pas l’accord et irait à l’opposition. Sans hésiter.