Vive la liberté!
La justice a donné son accord de principe pour la remise en liberté provisoire de Biram Ould Dah Ould Abeid.
Birame Ould Dah Ould Abeid et 6 autres membres de l’IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste), une organisation de lutte contre l’esclavage non reconnue, ont été libérés lundi 3 aout, après 4 mois de détention préventive. Ils avaient été arrêtés pour avoir incinéré des livres du rite malékite qu’ils jugent esclavagistes.
Malgré les lois, l’esclavage est toujours pratiqué en Mauritanie, les femmes et les enfants en sont les premières victimes
C’est vers 19 heures, sur fond d’applaudissements de centaines de militants des droits de l’homme que le président de l’IRA et ses compagnons sont sortis de la prison civile de Nouakchott. Birame Oud Dah Ould Abeid, dont l’état de santé s’est dégradé pendant son incarcération, s’est adressé à ses partisans du haut d’une voiture: «J’avais décidé de faire le trajet entre la prison et mon domicile à ma sortie, même si je dois en mourir»
Une marche d’une quinzaine de kilomètres a été aussitôt entamée vers la périphérie de Nouakchott. Parmi les marcheurs, Bala Touré, responsable des relations extérieures de l’IRA, optimiste pour la suite du dossier: «Rien ne permet aux juges de continuer à poursuivre nos amis, nous attendons le jugement avec beaucoup de sérénité car nous pensons qu’ils seront aquittés».
Parmi les autres marcheurs, Me Abderahmane, du collectif des avocats défenseurs des militants de l’IRA. Il parle lui, d’instrumentalisation de la justice: «C’est une liberté provisoire accordée parle président de la République et non par la justice. C’est une défaite encore pour l’exécutif qui a mis les militants en prison».
Les marcheurs sont arrivés à destination à la tombée de la nuit. Biram Ould Dah Ould Abeid, sur le lieu même ou avaient été incinérés les livres du rite malékite, effectue une prière. Ensuite, il s’est adressé à la foule: «Je récuse toujours l’islam esclavagiste qui n’est pas le vrai islam, qui est inventé. Je dis aux Mauritaniens de tous bords qu’il est plus fructueux pour eux d’appliquer la loi contre l’esclavage et de réprimer les criminels esclavagistes».
En Mauritanie, une loi portant criminalisation des pratiques esclavagistes a été votée en 2008 mais elle n’est guère appliquée.