Paix à son ame!
Décédé samedi dernier à l’âge de 62 ans, à son domicile de Limoges (France) où il vivait depuis 1999, l’écrivain et éditeur Moussa Konaté fut une grande figure du paysage intellectuel et littéraire du Mali.
Moussa Konaté a codirigé avec Michel Le Bris pendant 10 ans le festival « Étonnants Voyageurs » de Bamako. Lauréat du prix Sony-Labou-Tansi 2005 pour le théâtre francophone, il était considéré comme le meilleur représentant de la littérature de son pays. Diplômé en lettres de l’École normale supérieure de Bamako, passionné de littérature depuis son enfance, Moussa Konaté abandonne la fonction publique pour se consacrer uniquement à l’écriture.
En 1981, il publie son premier roman, « Le Prix de l’âme ». Il crée en 1997 les Éditions Le Figuier et devient le premier écrivain éditeur du Mali. Ses éditions sont tournées vers la littérature jeunesse dans le but de faire connaître le visage réel de l’Afrique aux lecteurs en herbe du monde entier. Le Figuier a publié des ouvrages dans 5 langues maliennes, dont le bambara, le peul et le soninké.
Moussa Konaté fonde en 1990, à Bamako, la compagnie de théâtre qui lui vaut d’obtenir une résidence au Festival des francophonies de Limoges. Il quitte son pays pour la première fois à cette occasion, mais ne se trouve pas dépaysé: «Je savais tout de la France depuis l’école, par mes lectures et par les films». Il a conservé un lien très fort avec son pays, partageant son temps entre Limoges et Bamako.
L’auteur de «L’Assassin du Branconi et de «L’Honneur des Keita, premier et second volets des enquêtes du commissaire Habib, a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, entre autres: «L’Empreinte du renard», sous-titré « Meurtres en pays Dogon », «La Malédiction du Lamantin», «Le Prix de l’âme», «Un appel de nuit», «Une aube incertaine», «Fils du chaos», «L’Afrique noire est-elle maudite?»
Dans son dernier essai au titre provocateur, «L’Afrique noire est-elle maudite?», l’auteur interrogeait sans indulgence les maux de son continent. Il y rendait aussi hommage à la société malienne, tout en pointant l’importance de sa nécessaire évolution en dénonçant les lourdeurs imposées par la famille, qu’il nommait «le pacte social».
Moussa Konaté s’est illustré comme une voix importante du combat contre la dictature de Moussa Traoré dans des livres comme Mali, ils ont assassiné l’espoir. Il se désolait parfois d’être au milieu des écrivains de son pays l’arbre qui cache la forêt, son nom faisait de lui un ambassadeur de la littérature malienne, au détriment, disait-il, de ses compatriotes vivant au pays. Il était, depuis 1985, au cœur des efforts de développement du village de Sanankoroba, au sud du Mali.
Né en 1951 à Kita, Moussa Konaté était marié et laisse deux enfants.