Ils dament le pion sur la scène africaine. A Dakar ou encore à Abidjan et dans d’autres capitales du continent, les chanteurs nigérians font une grande percée. Ils sont adulés par les mélomanes. Leurs chansons sont consommées à gogo.
Sur les Id parades et autres radios ou télévisions (Trace Tv… ), ils caracolent en tête. Les chanteurs nigérians font constamment partie du Top 10 des artistes qui cartonnent chaque année.
A 23 ans, Davido a été sacré meilleur artiste masculin en 2015 par les MTv, Mama Awards. On ne compte plus ses prix, récompenses et nominations musicales.
En 2016, c’est son compatriote Wizkid qui a décroché le prestigieux titre. Dakar semble être une plaque tournante pour ces stars nigérianes.
La musique nigériane marque son sceau sur l’Afrique et sur le reste du monde. Qu’est-ce qui explique cette percée depuis quelques années? Ceci après le Makossa camerounais, la Rumba congolaise et le Couper décaler ivoirien.
«J’ose comprendre qu’ils ont une musique qui peut être appréciée par tout public ; ils s’adaptent à toute proposition, ils ne sont pas très compliqués (très exigeants) en matière de cachets», analyse Rokhaya Daba Sarr, présidente du festival Africa fête et attentive observatrice du showbiz africain.
Aujourd’hui, ils font la pluie et le beau temps dans le monde. P-Square (les jumeaux Peter et Paul Okoye) avait encaissé plus de 50 millions CFA pour sa prestation au Masa d’Abidjan… en 2014. Les cachets de Davido et de Wizkid à Dakar n’ont pas été dévoilés.
Selon la directrice administrative de Tringa Musique et Développement, leurs forces, c’est surtout de vouloir se promouvoir ailleurs, d’intégrer d’autres cultures, d’autres mentalités.
Ce que confirme Oumar Sall, du Groupe 30 Afrique. Pour lui, «l’ancrage à une confiance culturelle rend leur ouverture bien maitrisée». Car leurs mélodies, même si elles sont chantées dans des langues que l’on ne comprend pas, restent dans les esprits et sont reprises en chœur par les mélomanes.
Pour certains observateurs sénégalais, P-Square, Davido, Wizkid… , les artistes nigérians soignent leur image à travers les bons clips, l’arrangement musical.
«Ils mettent assez de professionnalisme dans ce qu’ils font parce qu’ils visent le marché anglophone américain et anglais», constatent-ils.
Pour Oumar Sall, le cas du Nigeria confirme que c’est une économie croissante qui promeut le développement culturel. Même si, après, l’économie culturelle contribue fortement au Pib. «La Chine est une belle illustration de cette théorie. Avant, les artistes chinois n’étaient pas cotés sur le marché et son art de la scène peu visible sur l’international. Depuis que la Chine est 2e puissance, son art et sa culture sont sur le toit du monde», explique-t-il. Pour dire qu’il faut miser sur la culture.
Toutefois, il y a aussi un élément commun à la Chine et au Nigeria à considérer: c’est l’atout démographique. Ce qui leur donne le non négligeable avantage d’un marché interne capable d’assurer aux artistes un suivi et des recettes enviables, rien que dans leur propre pays pour commencer.