Tous pour Madiba!
Rarement homme aura été autant l’objet de tant de sollicitude, de tant d’amour, de dévotion au soir de sa vie. C’est vrai, il n’est pas banal car il s’appelle Nelson Mandela. Héros national sud-africain, icône mondiale de la réconciliation pour son rôle dans la lutte contre l’apartheid puis dans l’instauration d’une démocratie multiraciale, l’homme est devenu pratiquement un patrimoine de l’humanité.
Mais un homme, fût-il d’exception reste avant tout un simple mortel. Les nouvelles de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, hospitalisé pour une infection pulmonaire, n’ont jamais été aussi mauvaises.
Et visiblement l’homme a tous les maux associés à ce grand âge. En peu de temps, les nouvelles officielles sur son état de santé ont évolué: de rassurantes, ils sont aujourd’hui alarmantes.
En effet, après des propos apaisants sur son état de santé, la présidence sud africaine a brisé une semaine de silence pour dire que «l’état de l’ancien président Nelson Mandela, qui est toujours à l’hôpital à Pretoria, est devenu critique».
C’est dire que les nouvelles sont désormais loin d’être rassurantes car c’est la première fois que les autorités utilisent ce mot lourd de sens, plein de symboles et qui fait froid dans le dos. A l’évidence, la sémantique aura changé, compte tenu de la dégradation progressive de l’état de santé de l’illustre patient.
Au regard de l’évolution des éléments de langage, on se demande si ce n’est là une stratégie de communication visant à préparer les esprits à mieux supporter la « triste nouvelle ».
Et qui sait si ce suspense ne viserait pas aussi à se donner du temps pour régler certaines questions au niveau familial et pourquoi pas étatique ?
C’est vrai que Mandela n’est plus aux affaires. Mais la mort d’un homme de sa trempe est comparable à celle d’un chef traditionnel en Afrique : on ne la claironne pas dès sa constatation.
C’est de notoriété publique que le premier président noir de l’Afrique du Sud souffre depuis des années d’une infection pulmonaire.
En 30 ans en effet, il aura connu de nombreux ennuis de santé au point que ses compatriotes avaient maintenant coutume de le voir entrer et sortir des hôpitaux. Sauf que pour cette fois, la situation est «critique», plus sérieuse.
Des problèmes de santé probablement liés à son grand âge comme nous l’avons déjà dit et surtout à ses vingt-sept années d’incarcération sous l’apartheid.
Ainsi, selon ceux qui suivent attentivement la vie de cette référence faite homme à l’échelle planétaire, en 1985 déjà, lorsqu’il était en prison, il avait été opéré d’une prostate hypertrophiée qui bloquait le flux urinaire. Il était à l’époque âgé seulement de 67 ans.
En 1988, il connaissait sa plus sérieuse alerte lorsqu’il avait été admis à l’hôpital de Stellenbosch, près du Cap, après s’être plaint d’une forte toux contractée dans l’humide cellule de sa prison.
En 2001, 11 ans après sa libération, l’ex-président est traité par radiothérapie pour un cancer de la prostate. Des années de travaux forcés dans les carrières de calcaire de l’île-bagne de Robben Island ont également endommagé ses glandes lacrymales, attaquées par l’alcalinité de la roche. Victime d’une infection pulmonaire récidivante, depuis 2 ans et demi, il cumule les séjours dans les formations sanitaires.
A Pretoria devant la Mediclinic Heart Hospital où l’icône mondiale lutte contre la mort, les journalistes des grands médias internationaux y font depuis le pied de grue et une foule d’anonymes ne cesse de venir lui témoigner son attachement par de touchantes marques de reconnaissance.
Visiblement Mandela semble désormais au bout du rouleau et la question ici est de savoir quand se produira l’inéluctable?
Mais il faut se résoudre à accepter l’éventuelle mauvaise nouvelle. Car à 95 ans, il n’est pas scandaleux de rejoindre ses ancêtres. Surtout dans cette Afrique où l’espérance de vie est des plus faibles du monde.
En attendant, c’est le reste du monde, qui à l’image de l’Afrique du Sud, retient son souffle pour recueillir le dernier souffle de Madiba.