De quoi rester bouche… (bé)bée!
Dans le scandale du présumé trafic de bébés nigérians au Niger, l’immunité parlementaire d’Hama Hamadou, chef de l’opposition et président de l’Assemblée nationale est levée.
Dans le scandale du présumé trafic de bébés nigérians au Niger, l’immunité parlementaire d’Hama Hamadou, chef de l’opposition et président de l’Assemblée nationale est levée. C’est la décision du bureau du Parlement à Niamey ce qui signifie qu’il pourra être entendu par la justice. L’une de ses épouses est actuellement en prison dans le cadre de cette affaire.
C’est à l’unanimité que les 7 membres du bureau présent à la réunion sur 11 ont émis un avis favorable pour que la justice puisse entendre le député Hama Hamadou. Les 4 autres membres de l’opposition ont boycotté la réunion, Hama Hamadou ayant déjà saisi la Cour constitutionnelle en interprétation et en application de l’article 88 de la Constitution selon la procédure normale. C’est-à-dire que les membres de la Cour constitutionnelle ont quinze jours pour statuer.
La réponse du bureau de l’Assemblée nationale est déjà arrivée au cabinet du Premier ministre. Elle sera ensuite envoyée au ministère de la Justice et au procureur général pour enfin atterrir au bureau du Procureur de la République qui verra les dispositions à prendre.
Ce cas inédit au Niger, suscite beaucoup de commentaires des juristes et autres constitutionnalistes sur les médias de la place. Dans une déclaration rendue publique, le bureau politique du parti de Hama Hamadou, le Lumana Africa, dénonce ce qu’il appelle la volonté du pouvoir de Niamey de débarquer et d’arrêter par tous les moyens le président de l’Assemblée nationale, principal adversaire politique du président Issoufou.
En tout cas, dès l’annonce de la décision du bureau de l’Assemblée nationale d’autoriser la justice à entendre Hama Hamadou, de nombreux militants et sympathisants de son parti ont pris d’assaut son domicile et se disent déterminés à soutenir son leader dans l’épreuve qu’il traverse.
Rétrospective
On avait d’abord cru que le scandale, révélé fin juin, n’éclabousserait que Niamey. Mais l’enquête a mis au jour un vaste réseau présumé de commerce de nouveau-nés qui se joue des frontières. Tout commence en octobre 2013, à Niamey, lors du grand baptême organisé pour les jumeaux d’un inspecteur de police.
Problème: nul n’a jamais vu son épouse enceinte et les journaux signalent régulièrement la découverte d’usines à bébés au Nigeria. Alerté, un bihebdomadaire local, L’Événement, enquête. Après une série d’articles, la justice décide de se saisir de l’affaire, « sans trop y croire », selon le procureur adjoint de la République, eu égard aux personnalités citées. Mais l’interpellation d’un intermédiaire fait prendre à l’enquête un tour nouveau, révélant un trafic dont les ramifications s’étendraient jusqu’au Bénin, au Burkina Faso et probablement au Togo.