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NIGERIA: Le pays sur un brasier

Depuis le début de l’année 2012, rien ne va plus au Nigeria.

Violences interreligieuses, manifestations de la population contre la vie chère et grève générale illimitée des travailleurs en signe de protestation contre la suppression des subventions publiques du carburant s’enchaînent. Dans un pays fort de ses 160 millions d’habitants et 3ème producteur du pétrole brut dans le monde et 1er en Afrique, le risque d’une instabilité politique plane sur Abuja et le président Jonathan Goodluck ne trouve toujours pas de solution efficace pour y faire face. Sa sortie de dimanche dernier est un signe d’impuissance à rétablir l’ordre.

M. Goodluck a en effet déclaré que la situation qui prévaut actuellement au Nigeria est «pire que la guerre civile» des années 1960, faisant évidemment référence à la guerre sécessionniste du Biafra (1967-1970), qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué une terrible famine dans cette région du sud-est du pays, suite à l’embargo imposé par le gouvernement de l’époque pour contraindre les rebelles biafrais à déposer les armes.

De nouvelles violences religieuses et ethniques sévissent aussi dans le Nord musulman que dans le Sud chrétien, alors que les fonctionnaires  poursuivent une grève illimitée, pour protester contre la suppression des subventions publiques des carburants. Les menaces du gouvernement de sévir contre les grévistes ont provoqué l’ire de ces travailleurs qui ont riposté en descendant dans la rue à Lagos, la capitale économique du Nigeria.
Des rassemblements ont également eu lieu dans plusieurs quartiers de cette ville du sud du pays où la situation demeure précaire puisque les rebelles du Delta du Niger pourraient toujours reprendre les armes pour réclamer leur part des revenus pétroliers. Par ailleurs, un groupe a pris le nom de «Occupy Nigeria» sur le modèle des «indignés» américains d’«Occupy Wall Street».

Un des deux syndicats nigérians des travailleurs du pétrole a menacé de recourir à la grève qui entraînera l’arrêt de la production pétrolière si le gouvernement ne revient pas sur sa décision. «Nous envisageons l’arrêt de la production du pétrole», a dit Tokunbo Korodo, chef d’un des deux syndicats des travailleurs du pétrole, le Nupeng (Syndicat nigérian des ouvriers du pétrole et du gaz naturel).

«Nous attendons les résultats des discussions entre les confédérations syndicales et le gouvernement aujourd’hui. Si ce résultat n’est pas favorable, cela nous conduira à interrompre la production», a-t-il dit, repris par les agences de presse.

Alarmé par cette situation, le prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka a indiqué que le pays va droit dans le mur, n’écartant pas que la situation vire à la guerre civile. Evoquant les violences religieuses qui ont fait plus d’une centaine de mort les fêtes de Noel, ce dernier a accusé certains politiques du pays de pousser les différentes communautés à la violence, au lieu d’instaurer un dialogue national pour une meilleure cohabitation entre les musulmans du Nord et les chrétiens du Sud.

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