Kagamé a dégammé?
Le président rwandais était, ce mercredi 25 septembre, à la tribune des Nations unies lors de son Assemblée générale. Et il s’en est pris à la Cour pénale internationale qui a, selon lui, «humilié les Africains».
Devant l’Assemblée générale, qui poursuit son débat général, le Président du Rwanda, Paul Kagame, s’est félicité des progrès accomplis en matière d’accès à l’éducation et aux soins de santé et dans le domaine des technologies de l’information, tous en attirant l’attention sur les obstacles qui freinent la réalisation des objectifs de développement que les pays se sont fixés.
M. Kagame a estimé que ces objectifs n’avaient pas été placés dans leur contexte et conseillé aux gouvernements de protéger les personnes vulnérables en leur donnant une place dans la société.
Donnant l’exemple de son pays, il a mentionné les efforts entrepris pour garantir une bonne gouvernance, l’un des fondements du développement rwandais. Il faudrait également miser davantage sur le rôle du secteur privé, en éliminant les restrictions tarifaires, a-t-il ajouté.
M. Kagame a par ailleurs recommandé d’investir suffisamment dans les infrastructures logistiques et énergétiques, estimant que la période post-2015 devrait être marquée par des actions concrètes. Si son pays est engagé à respecter la date-butoir pour la réalisation des OMD, cela ne saurait constitue une fin en soi.
«En avril prochain, nous commémorerons le 20ème anniversaire du génocide rwandais. Le Rwanda est aujourd’hui une nation forte qui a vaincu l’adversité», a-t-il déclaré, en faisant l’éloge d’un pays désormais tourné vers l’avenir. Il a expliqué que les Rwandais avançaient vers un nouveau chapitre de développement, en se fondant sur de nouveaux partenariats.
Venant aux questions relatives à la justice, le Président du Rwanda a fait remarquer que les Africains appuyaient le consensus mondial contre l’impunité et qu’ils étaient en faveur d’un système de justice approprié.
M. Kagame a pointé les manquements de la CPI, en particulier dans les procès engagés contre les dirigeants kenyans, où les efforts de réconciliation n’ont pas été selon lui suffisamment pris en compte.
«Dans la pratique, cependant, la Cour pénale internationale (CPI) a agi en violation de ces principes en faisant preuve de préjugés contre les Africains», s’est-il plaint. M. Kagame a estimé que la CPI avait «sapé les efforts de réconciliation et cherché à humilier les Africains et leurs dirigeants».
L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité doivent se pencher sur ces questions, ainsi que sur la problématique plus large des différents tribunaux internationaux, a préconisé M. Kagame.
Soutenir le consensus global contre l’impunité et créer une justice internationale pour la combattre, nous l’avons fait, en pensant qu’un tel système favoriserait la paix et la sécurité entre les nations. La Cour pénale internationale a violé ces principes. La CPI a fait preuve de préjugés à l’égard des Africains.
Au lieu de promouvoir la justice et la paix, elle a négligé les efforts de réconciliation en humiliant les Africains et leurs leaders pour servir les intérêts politiques des puissants. Les procès en cours contre les président et vice-président kényans le démontrent comme une évidence.
Les leaders kényans ont montré leur détermination à rompre avec les erreurs du passé en réconciliant les communautés, pour aller de l’avant, c’est ce qui explique que les citoyens kényans ont voté pour eux. Les Nations unies et le Conseil de sécurité doivent étudier cette situation mais également la question plus large de la compétence universelle.