Grande Bretagne « usur…Patrice »?
Lord David Edward Lea rapporte dans courrier des lecteurs de la «London Review of Books» (LRB) les propos d’une ancienne première secrétaire de l’ambassade britannique à Léopoldville (Kinshasa), de 1959 à 1961, Daphne Park, se vantant d’avoir «organisé» l’enlèvement de l’ancien Premier ministre de la RD Congo Patrice Emery Lumumba assassiné le 17 janvier 1961 à Elisabethville (Lubumbashi).
«Je l’ai organisé», lui aurait affirmé Daphne Park, rapporte Belga qui relève que, «selon Lord Lea, l’ancienne diplomate-espionne a expliqué que l’analyse de ses services à l’époque était que si l’Occident n’intervenait pas, Patrice Lumumba aurait remis les riches ressources minérales du Congo (devenu la République démocratique du Congo) +aux Russes+ (l’Union soviétique en fait)».
A l’époque, la fonction de «première secrétaire de l’ambassade» était assimilée informellement à celle de patronne du MI6 au Congo.
«Nous avions (quelque chose à voir avec l’enlèvement de Patrice Lumumba). Je l’ai organisé», a affirmé Mme Park à ce parlementaire avec lequel elle prenait le thé.
Belga signale que, «selon Lord Lea, l’ancienne diplomate-espionne a expliqué que si l’Occident n’intervenait pas, Lumumba aurait remis les riches ressources minérales du Congo (devenu la République démocratique du Congo) +aux Russes+ (l’Union soviétique en fait)».
L’agence de presse belge rapporte aussi que Lord Lea a confirmé à « The Hindu », «le contenu de sa lettre à la LRB, précisant que la conversation avec Mme Park – entre-temps devenue baronne Park of Monmouth – a eu lieu quelques mois avant sa mort en 2010. C’est la conversation que j’ai eue avec elle et c’est ce qu’elle m’a raconté. Je n’ai rien à ajouter», a-t-il précisé.
Selon Calder Walton, auteur du livre «Empire of Secrets: British intelligence, the Cold War and the Twilight of Empire» parlant des services de renseignements britanniques (M16), «la question reste de savoir si le complot britannique pour assassiner Lumumba… a jamais correspondu à une quelconque réalité. A ce jour, nous ne le savons pas. En fait, en ce qui concerne ce cas particulier, je suis en mesure d’affirmer que nous le savons», corrige Lord David Edward Lea dans son courrier.
Belga rapporte à ce propos que «l’aristocrate raconte qu’au cours d’une discussion avec Daphne Park, cette dernière lui a confié que le MI6 était bel et bien mêlé (et de près) à l’assassinat du Premier ministre congolais. Condamnés pour ce qu’ils ont fait à l’époque»
A la suite d’une plainte de la veuve et des enfants de Lumumba déposée en juin 2011 avec constitution de partie civile devant un juge d’instruction bruxellois contre l’Etat belge et une dizaine personnalités belges accusées de complicité d’assassinat, la Chambre des mises en accusation de Bruxelles a autorisé en décembre 2012 l’ouverture d’une enquête sur la mort de Patrice Emery Lumumba.
«Une commission d’enquête parlementaire s’était déjà penchée sur la mort de Patrice Lumumba. Elle avait conclu en 2002 à la responsabilité morale de la Belgique dans l’assassinat. Le gouvernement avait, lui, parlé de responsabilité +tout court+. La famille de Patrice Lumumba demande aujourd’hui que les responsables soient jugés. Elle veut que des responsabilités individuelles soient établies. La plainte contre X vise aussi une dizaine de personnes dont huit sont encore vivantes. Il s’agit d’anciens conseillers et attachés de cabinet de ministres en poste à l’époque. Parmi eux, on évoque le nom d’Etienne Davignon, jeune diplomate au Congo dans les années soixante. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Pierre Wigny (PSC), décédé en 1986 est également visé», selon la presse belge.
Aux dires de l’avocat de la famille Lumumba, Christophe Marche, «la famille cherche la vérité et elle cherche la justice; il y a une reconnaissance morale à un moment donné de la responsabilité de la Belgique dans l’assassinat de Patrice Lumumba mais ce n’est pas suffisant pour la famille qui veut que toutes les responsabilités soient établies judiciairement, que des gens soient condamnés pour ce qu’ils ont fait à l’époque. On pense qu’il y a encore des informations qui n’ont pas été dévoilées, je pense notamment par exemple à des archives personnelle de gens de l’époque et j’espère qu’on va retrouver ces documents et pouvoir alors, je dirais, aller plus en profondeur dans les responsabilités individuelles, savoir exactement ce qui s’est passé», a-t-il expliqué à Belga.
Grâce à la loi sur la compétence universelle, l’ouverture de l’enquête a été autorisée du fait que, selon la presse belge, «l’assassinat de Patrice Lumumba, assimilé à un crime de guerre, n’est donc pas frappé de prescription».
«Nous avons matérialisé l’affaire Lumumba en portant plainte (devant la justice belge), et il y a un début d’aboutissement. Ce n’est pas parce que le dossier est ouvert que l’affaire est résolue. Nous aimerions que ça ne soit pas seulement une histoire de famille, c’est l’histoire de toute une nation. Ça m’étonne que nos autorités n’aient pas initié quoi que ce soit depuis que les Belges avaient (reconnu) leurs responsabilités. Voila le moment qu’ils peuvent se racheter et nous appuyer pour pousser ce dossier le plus loin possible», a-t-il ajouté.