Entre incantations et promesses démagogiques! La campagne électorale s’achève ce vendredi soir au Burkina Faso. Trois semaines de pêche au voix pour les 14 candidats en lice pour la présidentielle et les 7 000 candidats et supplétifs en course pour un fauteuil de député. Ils n’ont plus que quelques heures pour aller à la pêche aux voix. Les campagnes électorales pour les élections couplées présidentielle/législatives du 29 novembre 2015 s’achèvent en effet ce vendredi à minuit après trois et deux semaines de marketing politique où chaque candidat ou parti a essayé de vendre au mieux ses idées. Mais pour la plupart, derrière l’emballage de la rhétorique, il n’y avait pas grand-chose si ce ne sont des incantations et des promesses démagogiques du genre « en veux-tu ? En voilà ». Tout le monde compte développer l’agriculture, rendre gratuite l’école, instaurer l’assurance-maladie universelle, promouvoir les sources d’énergies alternatives et renouvelables tel le solaire… bref, après ce dimanche, on va se raser gratis quel que soit celui qui va s’installer à Kosyam si Issaka Zampaligré ne le déménage pas chez lui ou à Banfora Plus sérieusement, si on excepte quelques formations aux appareils éprouvés et disposant de ressources humaines conséquentes pour des réflexions de fond, rares étaient les projets de société chiffrés, concrets avec des indicateurs objectivement mesurables. Bon nombre étaient les intermittents de la politique qui faisaient dans l’informel, souvent au motif spécieux que ne sachant pas ce qui existe, notamment dans les caisses de l’Etat, il serait hasardeux de faire des projections. Un argument bien spécieux qui cache très souvent un manque de vision et de prospective. De ce point de vue, le cri de ralliement post-insurrection « plus rien ne sera comme avant » ne s’est pas vraiment appliqué aux présentes joutes, qualifiées de ternes et de moroses par de nombreux observateurs qui doutent toujours de la qualité du personnel politique. Même pour ceux qui ne peuvent gagner, une élection est toujours un brassage d’idées malheureusement en l’espèce, d’aucuns auront surtout brassé du vent. Non contents de n’avoir rien de consistant à vendre si ce ne sont des idées parfois biscornues, il s’en est trouvé parmi ceux qui pontifiaient sur les plateaux de télé pour être dédaigneux et discourtois à l’encontre des autres prétendants et méprisants voire hargneux vis-à-vis des journalistes. Preuve si on en doutait encore, qu’ils n’ont ni l’étoffe ni le tempérament de la fonction. Au moins avait-on une offre politique diversifiée (même si côté qualité des acteurs on repassera) pour un double scrutin qui s’annonce comme le plus ouvert qu’on ait jamais eu sous la IVe République. Aura-t-on pour autant un second tour ou l’affaire va-t-elle être pliée en un quart ou huitième de tour par l’un(e) ou l’autre des prétendant(e)s à la magistrature suprême ? Si Me Barthélemy Kéré tient sa promesse de donner les résultats provisoires dès le lendemain, on devrait être fixé le lundi 30 novembre. Alors que la campagne s’achève, s’il est quelque chose dont il faut quand même se féliciter, c’est de l’esprit républicain dans lequel elle se sera déroulée, une ambiance bon enfant qui a vu des militants de partis concurrents, notamment le MPP et l’UPC, pour ne pas les citer, se houspiller joyeusement et s’envoyer de gentilles piques. Puisse cette fraternité et cette saine rivalité, en un mot ce fair-play habiter également les leaders afin que la parole des urnes soient acceptée de tous. Car après tout, au-delà du vainqueur, c’est le Burkina qui sera gagnant si les élections sont apaisées.