Trois cas d’une « Troika »?
L’organe de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA) demande le retrait des 3 candidatures controversées. Il dénonce particulièrement celle du président de la Transition.
L’étau se resserre. Le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA), requiert le retrait des 3 candidatures décriées de Andry Rajoelina, président de la Transition, Didier Ratsiraka, ancien Président, et Lalao Ravalomanana, ancienne première dame. Une décision qui découle de la réunion qu’elle a tenu, à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie, et qui fustige particulièrement l’homme fort de la Transition.
Le CPS «fait sienne la décision du sommet de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Méridionale), du 10 mai en Afrique du Sud, et de trouver les voies et moyens de persuader les personnalités politiques… ci-dessus à renoncer à leur candidature respective à l’élection présidentielle». Une initiative qui devrait, selon le CPS, permettre la poursuite du processus de sortie de crise «dans un environnement apaisé».
La pression de la communauté internationale se fait de plus en plus forte autour de ces trois entités et de leurs partisans. Après la Troïka de la Communauté des États d’Afrique australe (SADC) le 10 mai, et l’Union Européenne (UE) le 15 mai, c’est au tour de l’organe exécutif de l’UA de faire opposition aux trois candidatures à la présidentielle qui font polémique.
Si la Troïka n’a fait qu’ «exhorter les trois candidats à réfléchir sur le retrait de leur candidature» et que l’UE n’a fait qu’entériner la décision du sommet d’Afrique du Sud, le communiqué du CPS est plus incisif. La résolution de la réunion d’hier à Addis-Abeba tire notamment à boulets rouges contre le président de la Transition.
«Concernant spécifiquement Andry Rajoelina,… la doctrine de l’UA prohibe la participation de personnes ayant contribué ou bénéficié d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement aux élections organisées pour rétablir l’ordre constitutionnel», souligne le communiqué du CPS. L’organe de l’UA, qui n’a pas oublié de signaler le non-respect du «ni… ni… » par le chef de la Transition.
Lors de la publication de la liste des 41 candidats à la présidentielle, le 4 mai, la Cour électorale spéciale a spécifié que sa décision «n’est susceptible d’aucun recours». Les trois candidatures décriées par la communauté internationale sont ainsi irrévocables.
«La CES est une structure mise en place par la communauté internationale et les signataires de la Feuille de route… Sa décision est souveraine… Elle est imposable à tous», a déclaré le Président Rajoelina, pour sa défense à l’Hôtel de ville d’Antananarivo, le 13 mai.
«L’exclusion va-t-elle amener l’apaisement» s’est ainsi interrogé le chef de la Transition. Suite à la décision du CPS, la pression de la communauté internationale risque cependant d’être de plus en plus forte. Celle-ci pourrait faire front pour pousser les trois candidats dénoncés à se retirer de la course à la magistrature suprême.
«L’UE restera attentive aux conclusions de la réunion prochaine du CPS de l’UA», a ainsi déclaré Catherine Ashton, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le 15 mai.
Dans un communiqué publié le 6 mai, la CES a reconnu à demi-mot que sa décision d’accepter la candidature d’Andry Rajoelina, Didier Ratsiraka et Lalao Ravalomanana, était motivée par une certaine considération de la situation politique. Un argument qui pourrait de nouveau être soulevé dans le cas d’un retrait de la candidature de ces 3 personnalités politiques. Une situation qui ne devra pourtant pas redorer la crédibilité de la CES déjà mise à mal depuis la sortie de la liste du 4 mai.