Ça vote, ça boycotte ou ça saute?
Décidément, la tension ne cesse de monter à Dakar et ne semble pas devoir redescendre : après les violences de mardi entre opposants à la candidature d’Abdoulaye Wade et forces de l’ordre, la dernière semaine de campagne est à des années lumière de ce que le Sénégal avait jusque-là connu.
C’est dans une ambiance quasi insurrectionnelle que les Sénégalais se préparent à remplir dimanche prochain leur devoir républicain; une ambiance si délétère qu’au sein de l’opposition, une voix, en l’occurrence celle d’Ibrahima Fall, s’est timidement élevée pour suggérer un report du scrutin ; à peine évoquée, la proposition s’est heurtée au refus, tantôt ferme, tantôt mitigé, des principales figures de proue du M-23, le Mouvement du 23-Juin, farouchement opposé à la troisième candidature d’Abdoulaye Wade à la magistrature suprême.
A seulement trois jours de l’échéance, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au sein de l’opposition sénégalaise, malgré les nombreuses luttes engagées sous la bannière du M-23, l’unanimité est encore loin d’être un acquis. Et on n’est pas loin de croire que si, au sein du bloc, il y en a qui s’agitent pour demander un report in extremis, c’est que peut-être ils préfèrent s’épargner le round final contre un adversaire affaibli certes, mais encore pugnace.
Et tandis que ses adversaires ergotent sur la possibilité de reporter la confrontation démocratique, le candidat à sa propre succession s’achemine vaille que vaille vers la fin de son marathon électoral. Dopé par les assauts incessants de ses adversaires du M-23, Gorgui, qui a réussi l’exploit de parcourir le Sénégal des villes et des campagnes au pas de charge, se prépare à conclure. Un rendez-vous qu’à en croire son porte-parole Serigne Mbacké Ndiaye, il ne ratera pour rien au monde.
Idem pour l’opposant Moustapha Niasse, qui assure ne pas vouloir rater le rendez-vous des urnes, d’où, il en est convaincu, Abdoulaye Wade ne sortira pas vainqueur.
Et vu la situation actuelle, on ne peut s’empêcher de se demander comment et par quel miracle les consultations pourraient se tenir, surtout dans la capitale. Que ces élections aient lieu ou pas, la ligne de fracture entre les deux camps demeure tandis que la question de l’après-présidentielle se pose déjà.
Alors, que nous réservent ce dimanche et les semaines à venir ?