Que le 26 février ne soit vraiment pas le dimanche de tous les dangers.
Dimanche 26 février, jour de l’élection présidentielle au Sénégal, les Sénégalais de tout bord et la communauté internationale retiendront leur souffle. Que se passera-t-il ce jour? Une interrogation légitime, au regard de l’actualité, ces derniers jours, au pays de la Téranga.
Depuis le 27 janvier 2012, date à laquelle le Conseil Constitutionnel sénégalais a validé la candidature du président sortant, Abdoulaye Wade et rejeté celles du chanteur le plus connu de ce pays, Youssou N’Dour et de deux autres postulants, la tension est montée d’un cran au pays du président-poète, Léopold Sédar Senghor.
Au moins 6 personnes sont mortes et des dizaines d’autres ont été blessées ou arrêtées, dans le pays, depuis fin janvier, suite aux violences liées à la présidentielle.
A l’origine d’une telle escalade de la violence, la volonté farouche des opposants, regroupés au sein du Mouvement du 23 juin 2011 (M23), un regroupement de partis politiques de l’opposition et de la société civile, soutenu par un autre collectif de jeunes, dénommé « Y en a marre », de voir Abdoulaye Wade, retirer purement et simplement sa candidature.
Ce que le président sortant et son camp rejettent, à leur tour.
Dans tous les cas, la situation qui prévaut actuellement au Sénégal est décevante pour ce pays, longtemps considéré comme un modèle de démocratie en Afrique. Tel que le tableau politique se présente à l’heure actuelle, dans ce pays, il n’est pas à exclure des débordements plus importants, à l’issue de la présidentielle, qui mettront à mal la cohésion et la paix sociales. Ce qui n’est guère souhaitable.
Mais, dans le cas où la situation, viendra à dégénérer, avec des conséquences, difficilement maîtrisables, ce sera toute la classe politique sénégalaise qui sera mise sur le banc des accusés. D’un côté, le président Wade, qui avait incarné un immense espoir de changement à son arrivée au pouvoir en 2000, avec le fameux « Sopi ». Douze ans après, un grand nombre de Sénégalais se retrouvent désillusionnés et attendent toujours…le changement.
Et puis, le successeur d’Abou Diouf, qui avait laissé entrevoir la possibilité de ne pas briguer un troisième mandat, s’est finalement dédié.
Étonnant, pour celui qui avait fortement conseillé à Olesegun Obansago, alors président du géant Nigeria, de ne pas briguer un troisième mandat. L’ancien président du Nigeria, qui se trouve d’ailleurs à Dakar, pour le scrutin de dimanche à la tête des observateurs de l’Union Africaine (UA), s’est souvenu des conseils de son ancien homologue et a lancé à propos de celui-ci : « Il est mieux placé pour comprendre la situation… ».
D’un autre côté, les opposants. Ils n’ont pas pu s’entendre pour désigner un candidat unique, dans le cadre de la Coalition « Benno Siggil Sénégal », un candidat du consensus qui aurait pu rallier à lui, les militants des autres opposants et faire mouche. Les ambitions personnelles ont plutôt pris le dessus. Et le seul point de consensus se retrouve finalement dans le retrait de la candidature du « Vieux ». A la veille de cette présidentielle sénégalaise, la tension est palpable.
Et pour que le chaos ne s’installe pas à l’issue de ce rendez-vous électorale à haut risque, le personnel politique gagnerait à faire preuve de sagesse et de maturité politique, toute chose qui l’a caractérisée dans un passé récent.
La sous-région ouest-africaine a déjà souffert de la crise ivoirienne et s’inquiète des violences perpétrées au Nigeria et au Nord-Mali, sur fond de revendications indépendantistes et religieuses et personne ne se réjouira de voir le Sénégal sombrer. Que le 26 février ne soit vraiment pas le dimanche de tous les dangers.