Néammoins des témoins en moins!
Deux témoins du futur procès du président kényan Uhuru Kenyatta ont finalement décidé de ne pas témoigner, selon un communiqué de la Cour Pénale Internationale (CPI). La déposition d’un troisième témoin n’est plus nécessaire et a été abandonnée.
Dans un document daté du 16 juillet 2013, la Procureure de la CPI Fatou Bensouda a expliqué que deux témoins identifiés comme Témoin 5 et Témoin 426 se retiraient du procès pour des raisons de sécurité. Témoin 5 a révélé que les risques pour sa sécurité étaient devenus « insurmontables ».
La CPI se serait entretenue avec Témoin 426 afin de « déterminer quelles mesures pourraient être prises pour atténuer ses inquiétudes et faire en sorte qu’il participe au procès« , a dit Fatou Bensouda. Mais “celles-ci ont été infructueuses et le Témoin 426 a maintenu sa décision de ne pas témoigner« .
La Procureure Fatou Bensouda a, par le passé, critiqué le gouvernement kényan, lui reprochant ne pas assurer la sécurité des témoins.
Kenyatta est accusé d’avoir co-orchestré les violences meurtrières qui ont suivi les élections de 2007, ce que ce dernier a formellement nié. Des violences qui avaient fait 1000 morts et 600,000 réfugiés. Kenyatta a été élu président en mars dernier. Son procès à la Haye doit débuter le 12 novembre prochain.
Peu de temps après son élection, la CPI avait abandonné les poursuites contre l’un de ses co-accusés- Francis Muthaura – parce que certains témoins, craignant pour leur vie, avaient refusé de participer au procès. D’autres témoins s’étaient également rétractés.
La Procureure compte toujours appeler 30 témoins à la barre lors du procès de Kenyatta. Mais pour la correspondante de la BBC à La Haye Anna Holligan, chaque retrait de témoin met un peu plus en danger la tenue des audiences.
La porte-parole de la CPI Fadi El Abdallah a expliqué à la BBC que «la Procureure pourrait essayer de trouver de nouveaux témoins».
Le vice-président William Ruto est poursuivi par la CPI, pour des chefs d’accusations similaires. Son procès doit débuter le 10 septembre.
Ruto et Kenyatta – concurrents durant les élections de 2007- avaient formé une alliance pour les élections de mars dernier. Pour certains analystes, les poursuites de la CPI les ont aidés à gagner ces élections. Celles-ci avaient été présentées comme une interférence étrangère dans les affaires domestiques.
L’Union Africaine fait pression sur la CPI pour que cette dernière abandonne les poursuites contre Kenyatta et Ruto.
A l’origine, six personnes étaient poursuivies pour leur rôle dans les violences de 2007. Seuls Kenyatta, Ruto et le journaliste de Radio Joshua Arap Sang sont encore poursuivis. La CPI a refusé de lever les poursuites, expliquant qu’elle réaliserait sa mission de « faire justice » de façon impartiale.