Ils ont filé à l’anglaise?
Six membres de la délégation de la RDC aux Jeux olympiques et paralympiques de Londres, et qui ont fait défection, ont demandé l’asile politique à la Grande-Bretagne, lundi 17 septembre.
Les 6 athlètes congolais évoquent des raisons politiques et des violations des droits de l’homme en RDC, ont déclaré un responsable d’association et une athlète.
« Trois staffs techniques, le secrétaire général du comité paralympique et les deux athlètes handicapés ont dit qu’ils ne vont pas rentrer« , a indiqué l’avocat Patrick Pindu, président de la Fédération nationale des associations des personnes vivant avec un handicap au Congo (Fenaphaco).
Le directeur technique national de la fédération d’athlétisme Guy Nkita, l’entraîneur de boxe Adelard Ibula et l’entraîneur de judo Blaise Bekwa étaient déjà portés disparus depuis la fin des J0 de Londres (27 juillet-12 août).
Les Paralympiques se sont déroulés du 29 août au 9 septembre. Les athlètes handicapés – Dedeline Mibamba et Levy Kitambala – et le cadre du comité paralympique Robert Dikazolele « m’ont parlé le 7 (septembre) pour me dire qu’ils avaient l’intention de fuir, de ne pas retourner au pays« , a précisé Me Pindu.
Ce qu’a confirmé Dedeline Mibamba, précisant que les demandes d’asile ont été déposées le « 10 septembre » auprès du ministère britannique de l’Intérieur qui dit ne pas faire de commentaire sur les cas individuels.
Selon Me Pindu, la délégation pour les Paralympiques a déclaré que la RDC « est dans une insécurité, qu’il y a une mauvaise gouvernance, des violations macabres des droits de l’homme, qu’on essaie un peu de maltraiter les opposants politiques, et aussi qu’on ne respecte pas les droits des personnes » handicapées.
« Nos frères sont morts, on tue les gens, il n’y a pas d’accès à la parole. Il n’y a pas de loi. Même pour manger, c’est difficile. Ce n’est pas normal pour un grand pays comme ça; nous avons des richesses de A à Z. Nous sommes les plus pauvres du monde, pourquoi?« , s’est interrogée Dedeline Mibamba qui a disputé le 100 m en fauteuil et le lancer de disque.
Dedeline Mibamba, Levy Kitambala et Robert Dikazolele avaient, avant les Paralympiques, dénoncé des conditions d’entraînement inadaptées et la faiblesse de leur prime.
« Le gouvernement dit que nous avons trahi le pays« , a assuré Dedeline Mibamba, affirmant que si les cadres et athlètes rentraient, ils seraient tués « parce que là, au Congo, c’est comme ça« .
La Fenaphaco a déploré la décision de Dedeline Mibamba et Levy Kitambala. « Je leur avais dit que c’était la première fois que les personnes vivant avec handicap avaient pris part à une compétition internationale aussi importante, et que c’était mieux de rentrer au pays« , a souligné Me Pindu.
« Je leur ai dit que cela allait compromettre l’octroi de visa aux personnes vivant avec handicap pour d’autres compétitions mais apparemment nos conseils sont restés vains. Ils ont choisi leur chemin« , a-t-il regretté.
Les autorités congolaises rejettent ces explications. Pour elles, aucune des raisons mises en avant par ces athlètes ne peuvent justifier leur refus de rentrer au pays. D’autres raisons le motive, comme l’exprime Alain Badiashile Kayatshi, secrétaire général du Comité olympique congolais.
«Je pense que cette attitude relève tout simplement de l’imaginaire de tous les athlètes africains. Enfin, d’une bonne partie qui pense que l’Eldorado, c’est l’Europe. C’est là où la manne tombe du ciel. Il n’y a aucune raison politique».
Depuis la fin des JO et des Jeux paralympiques, les athlètes africains sont nombreux à s’être évaporés dans la nature. Des Congolais mais également des Camerounais, des Ivoiriens, des Guinéens ont choisi de ne pas rentrer au pays. Des fugues courantes lors des rencontres internationales, mais c’est la premières fois que certains demande l’asile politique.