Mani…o.k.?
Dans le souci de valoriser les produits locaux et promouvoir une classe moyenne en RDC, le gouvernement a initié une réunion d’information et de cadrage du projet « panification à base de la farine composée blé-manioc ».
Le gouvernement veut rendre concret son projet de panification à base de la farine composée de blé et du manioc. Pour mener à bien ce processus, une réunion d’information et de cadrage du projet a été organisée, mardi 15 avril à Kinshasa, sous la présidence du ministre de l’Economie et du Commerce, Jean-Paul Nemoyato Bagebole. La salle de conférences Suzane Muk de Sultani hôtel dans la commune de Gombe a servi de cadre à cette réunion.
Les participants à cette réunion ont été recrutés parmi les scientifiques, les entrepreneurs et les représentants du pouvoir public. La principale information ayant fait l’objet de cette réunion a porté sur le bien-fondé de la farine du manioc dans la fabrication du pain. Un procédé qui, selon les participants, comporte de multiples avantages. L’organisation de cette séance d’information fait suite à la lettre-mission 2013 du 10 juillet 2013, relative à la promotion de la panification à base de la farine combinée blé-manioc, une des priorités stratégiques du ministère de l’Economie et du Commerce. Cet objectif de performances s’inscrit dans la foulée des réformes structurelles que le gouvernement a entamées.
Cette réunion d’information a permis à toutes les parties prenantes de suivre l’évolution des travaux et de participer de façon constructive à la finalisation de la norme. La réalisation de ce projet rentre dans le cadre de la diversification de l’activité économique, en vue d’une croissance inclusive.
Pour le gouvernement, l’enjeu de l’incorporation de la farine de manioc dans l’industrie du pain vise, entre autres, la réduction de la dépendance du pays vis-à-vis des importations. Ce, par la substitution partielle des importations du blé par les farines produites à partir des matières agricoles locales.
Dans sa communication, le ministre de l’Economie et du Commerce a fait remarquer qu’en République démocratique du Congo, le pain est un produit stratégique dans la mesure où il fournit une bonne partie des calories alimentaires aux populations urbaines. «La fabrication du pain et celle d’autres produits de boulangerie est développée par un important tissu de Petites et moyennes entreprises nationales dont le nombre envoisine 400, qui sont tributaires des importations du blé», a-t-il ajouté.
Lutte contre la pauvreté
En plus de l’amélioration de la sécurité alimentaire, estime le ministre de l’Economie et du Commerce, le recours à ce type de normalisation constitue une contribution significative à la lutte contre la pauvreté en RDC. Car la culture de manioc implique l’ensemble de sa population rurale, à proportion de plus de 70% de la population nationale.
Les statistiques du ministère de l’Economie et du Commerce révèlent qu’à ce jour, le volume des importations du blé en RDC se chiffre à 200 000 tonnes pour une valeur estimée à 50 milliards de Francs congolais par mois. Aussi la croissance des importations pour cette denrée se situe-t-elle autour de 3,09% par an. Ce qui devient, selon Jean-Paul Nemoyato, un préjudice pour une économie nationale qui se veut endogène, surtout pour les produits de première nécessité. De nombreuses études et expériences réalisées en RDC ainsi que dans d’autres pays africains ont établi que, dans la panification, la substitution peut être envisagée avec les farines à base du manioc, de la patate douce, du maïs, du mil, du sorgho et autres.
C’est ainsi que le gouvernement a pris, depuis 2013, la décision d’incorporer la farine de manioc dans la panification. C’est ainsi qu’une commission a été mise en place, en vue d’élaborer le projet de la norme sur l’incorporation d’une quotité de la farine de manioc dans la farine de blé pour la fabrication du pain sur la base de deux initiatives nationales. Notamment l’expérience du Centre de Vulgarisation Agro-alimentaire de Kimpese (Civac) dans la province du Bas-Congo et les recherches de la faculté des sciences de l’Université de Kinshasa (Unikin).
Dans le cadre de l’expérimentation, le Civac effectue les essais de panification à base d’une farine composée de 15% de manioc et 85% de blé. Les résultats obtenus sont encourageants.
Du point de vue scientifique, le département des Sciences de l’Unikin a effectué les études et les essais tant sur la farine de manioc panifiable que sur la panification et la pâtisserie qui ont abouti à des résultats très encourageants.
Parmi les objectifs poursuivis par ces recherches, il faut citer, entre autres, la détermination des proportions de substitution de la farine de manioc déjà acceptées ailleurs. Les recherches visent aussi à améliorer la teneur en protéines du pain à base de farine de manioc, à identifier les variétés de manioc capables de donner une farine panifiable de haute qualité et fixer scientifiquement les paramètres de panification.