«Re…belle» pellicule!
Tourné en 2011 en République Démocratique du Congo (RDC) par Kim Nguyen, le film «Rebelle» n’a pas encore fini de parler de lui et continue de cumuler des récompenses tant au niveau national qu’à l’international. Il est présentement en lice des finalistes pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Au Canada, le film a obtenu le prix du meilleur film canadien et a été récompensé trois fois de suite par Vancouver Film Critics Circle. Il a obtenu plusieurs prix et mentions à l’international, notamment deux prix au Berlinale (Festival International du film de Berlin) et un prix du meilleur film et de la meilleure actrice au Tribeca Film Festival à New York, l’an dernier.
La compétition est certes rude, mais nous sommes confiant et attendons avec fébrilité le troisième couronnement international du film canadien à Hollywood. C’est une vitrine éclatante aussi bien pour le film lui-même, mais aussi pour montrer au monde entier la réalité déchirante et difficilement compréhensible des enfants congolais.
Cependant, les succès fulgurants du film rebelle ne doivent pas nous faire oublier le drame que connaissent les enfants congolais depuis une quinzaine d’années. Au-delà de la fiction tournée dans la ville de Kinshasa, le film de Nguyen dépeint la triste réalité des enfants-soldats dans un pays de toutes sortes d’horreurs.
En effet, depuis le génocide rwandais de 1994 qui avait déversé des milieux des refugiés en RDC, ce pays est devenu un terrain fertile de multiples conflits armés au cours desquels l’usage d’enfants-soldats est pratique courante. Ces enfants sont souvent kidnappés dans les écoles, les camps de réfugiés, les stades et les églises par les groupes armés, enrôlés de force pour combattre à leurs côtés contre l’armée gouvernementale ou d’autres groupes armés dans la partie Est de la RDC.
Souvent drogués et sous l’influence de l’alcool, ces enfants sont utilisés pour des tâches logistiques, servent d’éclaireur et «chair-à-canon» sur les champs de bataille et d’esclaves sexuels.
Le recrutement d’enfants-soldats est une violation grave du droit international humanitaire. Les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève et à la Convention relative aux droits de l’enfant interdisent tout recrutement d’enfants âgés de moins de 18 ans par des groupes armés et dans les armées régulières.
Le Statut de Rome, Traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), qualifie clairement le fait de procéder à l’enrôlement d’enfants mineurs dans les forces armées ou dans des groupes armés ou de les faire participer activement à des hostilités comme étant un crime de guerre.
L’extrême fragilité de la situation politique et économique en RD Congo fait en sorte que les enfants sont des cibles faciles des groupes armés. Ces derniers recourent au recrutement forcé d’enfants qu’on appelle communément «Kadogo» (en Swahili, désigne enfant soldat).
Les différents groupes armés qui sèment la terreur à l’Est de la RD Congo utilisent souvent les enfants (proies faciles à endoctriner et souvent inconscients du danger), comme combattants dans leurs troupes.
Ces groupes armés ont commis des crimes graves (violations massives des droits de la personne, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, massacres des populations civiles, viols des femmes, etc.) pendant plus d’une quinzaine d’années en RD Congo. Ces crimes ne peuvent pas rester impunis.
Nous le savons tous qu’une paix durable ne peut s’établir dans un État qui consacre l’impunité comme système de gestion de conflits. En l’absence d’une justice indépendante en RDC, capable de poursuivre et juger toutes les personnes qui se sont rendues coupables de violations graves du droit international humanitaire, la communauté internationale (Conseil de sécurité des Nations Unies) serait obligée d’envisager d’autres solutions, notamment la mise en place d’un Tribunal pénal international ad hoc qui pourrait stopper la cruauté et protéger définitivement les enfants congolais.