Jeunesse pour la paix!
Ils en ont marre d’être mêlés à des histoires de rebellions entre leurs pays et ont répondu à l’appel d’une ONG locale, pour participer à un projet artistique. « Vijana Kokoriko » est l’un des chantiers intégrateurs de la jeunesse dans la recherche de la paix entre Etats de la CEPGL (Communauté Economique des Pays de la région des Grands Lacs).
Ce salon de formation artistique tenu à Goma a permis de parler avec la jeunesse congolaise, burundaise et rwandaise réunie en un même lieu.
Œuvres d’art produites ensemble
Le Rwanda et le Burundi sont accusés de protéger les rebelles qui insécurisent l’est de la RDC. En ce moment où une paix précaire s’observe dans la sous-région, 24 jeunes artistes et artisans du Rwanda, de la République démocratique du Congo et du Burundi se sont réunis pour échanger, produire et vendre les œuvres d’arts produites ensemble. Histoire de créer des intérêts communs entre jeunes pour un rapprochement communautaire. La ville de Goma a accueilli, du 21 février au 12 mars, ce salon de formation artistique productif.
Organisée par l’UJADP (Union des Jeunes Artistes, Dessinateurs et Peintres pour le Développement), une ONG locale, cette 2ème édition de « Vijana Kokoriko » s’inscrit dans le cadre du projet « Jeunes volontaires pour la paix et la reconstruction des pays des grands-Lacs de la CEPGL« . Un accent particulier a été mis sur la production d’œuvres d’arts communautaires pour permettre le rapprochement entre les jeunes des trois pays.
Exemple à suivre par les dirigeants
Dans la jeunesse congolaise, l’idée selon laquelle le Rwanda et le Burundi pillent les richesses de la RDC commence à céder la place à l’échange mutuel des capacités et des biens communs. Bon nombre de jeunes de Goma pensent qu’il est temps de construire une communauté de libre échange.
« Nous n’avons pas que du coltan, du pétrole ou d’autres minerais à échanger, cette rencontre est un bon exemple que devrait suivre la jeunesse de nos trois pays, mais aussi nos dirigeants qui n’arrivent toujours pas à accepter de partager nos richesses« , déplore un jeune étudiant congolais venu assister à l’exposition vente qui a clos ce chantier.
Lors de la cérémonie de clôture, monsieur Jean-Petit, président national du comité de la jeunesse du Burundi, a appellé la CEPGL à agrandir le nombre des participants au prochain « Vijana Kokoriko » et à multiplier les activités qui intègrent la jeunesse régionale.
Impliquer la jeunesse en politique
Jean-Petit pense que la Région des Grands Lacs ne sera jamais en sécurité tant que les politiques débattront des problèmes de la jeunesse sans l’impliquer directement. Il propose que l’éducation à la paix et la cohabitation pacifique commence dans les familles et à l’école primaire.
Après ce festival, les tableaux, gourmettes et bijoux fabriqués par les mains de ces 24 artistes et artisans qui sont restés vont être vendus dans la région. « L’UJADEP va créer un marché régional continu d’œuvres d’arts et les auteurs de chaque œuvre d’art recevront leur part dans leurs pays respectifs« .
Panier symbole du Rwanda tissé en RDC
« Au Burundi, nous, artistes plasticiens, ignorions qu’on pouvait fabriquer des bijoux et des sacs avec des sachets… Je viens de l’apprendre de cette formation » révèle Gentil Nkurunziza, jeune artiste burundais de 24 ans, qui va se focaliser sur ce nouveau matériel de production, dès son retour au Burundi où il compte donner une deuxième vie à ces sachets en papier, à travers l’artisanat.
Au Rwanda, l’Agaseke est une forme de panier en raphia que l’on utilise comme emballage pour offrir un cadeau précieux à un ami(e) intime, renseigne Sébastien Kalisa, jeune artisan rwandais qui se dit être fier d’avoir appris aux jeunes artisanes congolais comment tisser ce panier, symbole même de la république rwandaise.