L’illustre victime était l’éminence grise du pouvoir.
Le crash du jet privé, un Gulfstream 200, a fait cinq morts au total: les deux pilotes américains, le conseiller du président Katumba Mwanke et deux personnes au sol. Les autres passagers sont blessés, dont le ministre des Finances Matata Ponyo.
L’avion, en provenance de Kinshasa via Goma, a raté son atterrissage en se posant trop loin du seuil de la piste de l’aéroport de Kavumu, à Bukavu, il a continué droit vers un ravin situé en bout de piste.
Le bilan et les circonstances de l’accident ont été expliquées par le ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre Adolphe Lumanu.
Parmi les victimes, il y a donc Augustin Katumba Mwanke, un personnage de l’ombre qui était le vrai pilier du régime. Conseiller le plus proche de Joseph Kabila, sans fonction officielle à la présidence, il avait rang d’ambassadeur. Mais tout passait par lui.
Il n’apparaissait pas beaucoup en public, ne parlait pas à la presse mais Katumba Mwanke était un rouage essentiel du pouvoir.
«Le président lui faisait totalement confiance, il était le seul à bénéficier de cette confiance absolue», confie un proche. «Katumba avait énormément d’influence. En dehors des questions militaires et de sécurité qui n’étaient pas sa spécialité, pour tout le reste, la politique intérieure et l’économie il était incontournable», ajoute un autre. Plus encore, «un président bis», disent certains.
Personne ne pouvait avoir accès au président sans passer par lui. Katumba Mwanke était à la manoeuvre ces derniers jours pour la formation d’un nouveau gouvernement après les législatives, lors desquelles il avait d’ailleurs décroché un siège.
Agé de 47 ans, cet ancien cadre de banque expatrié en Afrique du Sud avait été repéré par le père, Laurent Désiré Kabila, qui l’avait fait revenir au Congo. Il avait été propulsé gouverneur de la riche province du Katanga avant de rejoindre le fils et de devenir son éminence grise.