Non à la justice sommaire!
A cause de l’épilepsie qui s’est répandue à Businga, dans la province de l’Equateur, des jeunes gens ont vite trouvé les brebis galeuses qui auraient jeté le mauvais sort sur leur village. Dans leur justice punitive, ces jeunes gens ont brûlé vives 6 personnes de 3ème âge.
A cause de l’épilepsie qui s’est répandue à Businga, dans la province de l’Equateur, des jeunes gens ont vite trouvé les brebis galeuses qui auraient jeté le mauvais sort sur leur village. Dans leur justice punitive, ces jeunes gens ont brûlé vives 6 personnes de 3ème âge. Dans la province de l’Equateur, 6 personnes ont été brûlées vives, en dates du 4 et 5 août 2014, par des jeunes gens de Businga, à 140 km de Gbadolite, dans le district du Nord-Ubangi. Elles étaient accusées d’avoir provoqué des crises d’épilepsie sur plusieurs personnes, en leur jetant de mauvais sorts. Les justiciers ont aussi incendié 48 habitations appartenant à ces prétendus sorciers ou à leurs proches, faisant près de 300 personnes sans abris.
Parmi les 6 personnes brûlées vives, quatre étaient des femmes. Des jeunes gens de Businga leur attribuent près de 1 000 cas d’épilepsie répertoriés dans cette cité.
Le commissaire de district du Nord-Ubangi, Willy Isekusu, est resté 5 jours à Businga pour évaluer la situation. Il affirme que la situation s’est relativement calmée et que les auteurs des meurtres et incendies se sont évanouis dans la brousse.
Un comité de crise composé, entre autres, de médecins s’est constitué pour descendre sur le terrain. Mais déjà, ces derniers pensent que ces nombreux cas d’épilepsie pourraient être des effets secondaires « d’humectisants ». Il s’agit de médicaments administrés contre l’onchocercose.
Willy Isekusu s’inquiète cependant pour environ 300 personnes sans abris, suite à l’incendie de leurs habitations. Le président de la Société civile du Nord-Ubangi, Taylor Tayima, plaide pour la prise en charge de ces familles par les autorités et les humanitaires.
A propos de cette justice expéditive, en Province Orientale, plus de 100 personnes sont mortes dans le territoire de Mahagi depuis 2013, suite au lynchage. Plus de 150 personnes, dont des magistrats, chefs coutumiers et délégués des ONG locales et de la Société civile, avaient dû réfléchir sur la manière d’endiguer ce phénomène dans cette partie de la Province Orientale.
Sammy Jakwonga, rapporteur de la société civile de Mahagi, a déclaré à ce sujet : « La justice populaire est due notamment à l’éloignement géographique des institutions judiciaires. Ce qui fait que certains villageois se font justice eux-mêmes. Depuis 2013, environ 100 individus y ont été tués. La plupart des victimes sont des gens qui sont accusés soit de sorcellerie, soit de possession d’amulettes nuisibles. Il y a aussi des victimes des conflits fonciers. Depuis le début de l’année 2014, nous avons enregistré des cas d’incendie et mort d’hommes ».
Inutile de dire que ce mal mine tout le pays. C’est ainsi que, depuis le 4 février 2014, les autorités provinciales du Sud-Kivu avaient lancé une campagne de sensibilisation des jeunes d’Uvira pour les dissuader de se faire justice. En effet, en cas de la disparition d’un jeune homme ou d’une jeune fille dans cette partie du pays, les jeunes gens s’attaquent très souvent aux personnes de troisième âge des familles éplorées qu’ils accusent de sorcellerie.