Messagère de sa culture!
Roukiata Ouédraogo est née en 1979 d’un père fonctionnaire. Sa mère ne travaille pas mais elle elle très impliquée dans le monde associatif.
Elle a passé son enfance à Fada N’Gourma, ville de l’est du Burkina, puis à Ouagadougou pour y poursuivre sa scolarité.
Elle touche à tout, et très jeune elle se lance dans les affaires. Tout en poursuivant ses études, elle ouvre un salon de coiffure dans un local qu’elle loue près de son domicile et elle dessine des vêtements. Elle sort une collection de maillots de bain en tissus africains.
Stéphane Eliard, son mari, confie: « Ce qui la caractérise, c’est ce besoin de créer, de fabriquer elle-même son destin. Elle préfère la mise en danger, le terrain de la création au risque de l’échec ».
En 2000, le bac en poche, elle s’installe en France chez son grand frère. Elle continue du multiplier les boulot et les expériences. Elle est tour à tour maquilleuse professionnelle pour des enseignes telles que Black Up ou Make-up Art Cosmetics (MAC), modèle chez Nivea Beauté.
En 2007, elle est admise au Cours Florent. La passion du théâtre et de la scène ne la quittera plus. «C’est à ce moment que je me suis mise à écrire et à mettre en scène ma première pièce, Yennenga, l’épopée des Mossé, que j’ai présentée en fin d’année. Je me suis sentie interpelée par cette histoire. D’abord, il faut savoir que l’histoire de Yennenga est inscrite dans mon nom car je porte le même patronyme que l’enfant de Yennenga et de Riallé, Ouédraogo. Ce nom est fréquent chez les Mossés et résonne pour nous comme la trace actuelle de la filiation qui nous relie tous aux fondateurs des premiers royaumes mossés. D’autre part, je voulais, à travers cette histoire, faire connaître ma culture, ma tradition et l’histoire du peuple mossé au public français et étranger».
Dès 2008, elle se produit au théâtre parisien de la Comédie de la Passerelle, puis en province, en Italie, mais elle n’oublie pas pays natal, le Burkina.
Son spectacle connait un grand succès, la télévision nationale couvre l’événement, le ministre de la Culture se déplace. Son oncle, le naaba (chef mossi) de Soumiaga, village d’où la famille de l’actrice est originaire, assiste même publiquement à la représentation.
Son second show raconte l’immigration sur le ton de de l’humour.
En mars 2009, elle devient une actrice de pub et se fait connaitre avec une campagne sur les déodorants bio de la marque Ushuaia.
Sur les femmes africaines, elle dit: «Pour s’épanouir, elles ont avant tout besoin de volonté. Mais cela ne suffit pas toujours. Les femmes d’aujourd’hui ont aussi besoin de plus de liberté d’expression et aussi d’hommes qui les épaulent. Trop souvent, aujourd’hui encore, la femme africaine est reléguée à un rôle de second plan et les pesanteurs sociales entravent son épanouissement. Il revient peut être aussi aux hommes de leur accorder un plus grand espace d’expression quel que soit le domaine dans lequel elles souhaitent s’investir, que ce soit l’art, le sport, la politique »
Roukiata Ouédraogo rêve de s’investir dans la culture de son pays. Elle a déjà un terrain sur lequel elle veut construire un théâtre: « À long terme, mon rêve serait d’y ouvrir un théâtre et d’y former des gens. Je voudrais leur apporter mon savoir-faire et leur offrir un lieu de résidence où ils pourraient présenter leurs spectacles».
Il lui manque à trouver des fonds, mais elle sait que ce n’est pas mission impossible.
A suivre donc…