La rumba a vrombi!
Passé du simple souhait, le sujet est au cœur du plaidoyer commun de l’Institut National des Arts (INA) et de la Délégation Wallonie-Bruxelles, un engagement exprimé avec beaucoup de verve par le Pr André Yoka à l’occasion du lancement de l’Année rumba, le 28 mars, au Centre Wallonie-Bruxelles (CWB).
L’inscription de la rumba congolaise au patrimoine mondial de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) est un mérite qui ne saurait lui être refusé «à l’instar du tango inscrit par l’Uruguay et l’Argentine, à l’instar de la gastronomie française ou de la musique folklorique bretonne» , estime le directeur général de l’INA André Yoka. Une pensée qu’il a en partage avec la Déléguée Wallonie-Bruxelles Kathryn Brahy pour qui «la rumba est un art de vivre». Il a plu à André Yoka de faire savoir que «la rumba congolaise, telle que l’ont perpétuée bon nombre de créateurs, est la métaphore du fleuve Congo (l’une de ses muses les plus exaltées par la musique des deux rives)».
Dès lors, est-il bien plus compréhensible que l’actuel plaidoyer perçu telle «une marche forcée entamée dès les années 1970 jusqu’à ce jour» ne soit pas seulement l’affaire des critiques d’art et des chroniqueurs inspirés de RDC. Bien plus encore, il se trouve porté par nombre de défenseurs de l’autre rive mais aussi de l’Occident. Un large éventail dans lequel se côtoient notamment «Michel Lonoh, Philippe Kanza, Bwatsa Kafungu, Tshonga Onyumbe, Ginzanza, Manda Tchebwa, Sylvain Bemba, Mfumu, Jean-Pierre Nimy, Faugus Izeidi, Raoul Yema, Bob White, Léon Tsambu, Ribio Nzeza, Moreno Kinkela, Dr. Mayengo, Damien Mpwono, Lupwishi Mbuyamba et Mukuna wa Kazadi».
Le plaidoyer s’est corsé
Et de soutenir que «ce plaidoyer s’est corsé ces derniers temps à travers un certain nombre de rencontres internationales» répertoriées depuis 2012. Dès lors, André Yoka a pris comme point de départ, le séminaire international de l’École Nationale du Patrimoine (Paris, octobre 2012) sur le thème central «Le Patrimoine culturel et naturel africain».
Experts de RDC et du Congo-Brazzaville, nous apprend-il, y avaient conjointement soumis «une esquisse de la requête en faveur de la rumba congolaise en tant que patrimoine mondial». De ce premier événement cité, il est passé au symposium international en marge du FESPAM (Festival Panafricain de Musique: Brazzaville, juillet 2013) dont la «recommandation-phare» reposait sur «la mise en œuvre des mesures de conservation et de promotion de la rumba congolaise».
Sur le plan local, allusion a été faite à la table ronde conjointe de la Commission francophone belge de l’UNESCO et de la Commission nationale congolaise pour l’Unesco (Kinshasa, septembre 2013) en rapport avec la préservation du patrimoine culturel immatériel de la RDC.
«À cette occasion, dit-il, un plaidoyer fort a été de nouveau présenté aux experts réunis en table ronde en faveur de la rumba congolaise en tant que patrimoine mondial». Quant à l’évènement le plus proche tenu le 19 mars dernier à l’initiative du gouverneur de la ville-province de Kinshasa, il était dédié au lancement du processus de la désignation de Kinshasa comme «ville créative» selon l’acception et le programme-phare de l’UNESCO. Cette manifestation avait retenu «la musique congolaise moderne comme atout providentiel de la créativité urbaine».
C’est donc dans cette lignée que s’inscrit le présent programme culturel de la Délégation Wallonie-Bruxelles et du CWB en partenariat avec l’INA. Le lancement de l’«Année rumba» a ainsi donc voulu marquer l’entrée dans un processus légitime de revalorisation multiforme et animée de la rumba congolaise. Ce, au travers de ses concerts, son festival, ses forums, ses expositions, ses supports, ses traces. Une machine importante qui devrait servir également d’illustration, mieux se constituer en une sorte de «pièce à conviction pour le plaidoyer».