Kigali a mis ses menaces à exécution. Le parquet rwandais a annoncé, mardi 29 novembre, l’ouverture d’une enquête sur le rôle de 20 responsables français dans le génocide de 1994 dans le pays. Le Rwanda accuse depuis des années la France de participation dans les massacres qui, à partir d’avril 1994, ont fait environ 800 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie.
Cette décision de la justice rwandaise devrait de nouveau affecter les relations diplomatiques entre les deux pays. Dans un communiqué, le procureur général du Rwanda Richard Muhumuza demande aux autorités françaises de coopérer.
Le parquet rwandais souhaite entendre 20 personnalités françaises, afin «de mieux comprendre leur rôle et de décider si elles seront poursuivies ou non». Au fil des enquêtes, précise le procureur général du Rwanda «d’autres agents et/ou fonctionnaires français pourraient être appelés à assister» la justice rwandaise.
Richard Muhumuza assure que les autorités françaises ont été formellement contactées et dit espérer leur coopération sur la base «de la réciprocité». Par le passé, Kigali avait en effet autorisé des enquêtes françaises en territoire rwandais.
Si le communiqué ne détaille pas le nom des personnalités visées, le 1er novembre, une commission rwandaise avait publié la liste de 22 officiers supérieurs français qu’elle accuse d’avoir été impliqués dans le génocide «en tant qu’auteurs et complices».
Cette liste a été publiée en réponse à la décision de deux juges français de relancer l’enquête sur l’attentat contre l’ex-président Juvénal Habyarimana, élément déclencheur du génocide.
Et parmi les personnalités françaises accusées on peut trouver l’ancien chef d’état-major Jacques Lanxade et le général Lafourcade, commandant de l’opération Turquoise.