L’embauche illégale (caporalato) dans l’agriculture est un grand fléau en Italie. Ce qui semblait un mauvais souvenir, a réapparu ces 20 dernières années, avec l’exploitation de la main-d’œuvre immigrée.
Et si au Sud, ce système de recrutement illégal et exploitation détient le monopole de la rencontre entre la demande et l’offre de travail, c’est en train d’augmenter aussi au Centre et au Nord. C’est une étude de « The European House-Ambrosetti » sur des données de la FLAI (Fédération des Travailleurs Agricoles d’Italie) du syndicat CGIL (Confédération Générale des Travailleurs Italiens), et présentée par l’ASSOSSOM (Association Italienne des Agences de Travail). Les chiffres sont impressionnants:
♦ sur 400.000 travailleurs impliqués (80% d’étrangers), au moins 100.000 souffrent aussi de problèmes de logement et d’environnement;
♦ (sur 80 districts agricoles) 33 souffrent de « conditions de travail indécentes« , 22 de conditions « de dures exploitation« , et les autres, « seulement » de l’intermédiation illicite de main d’oeuvre.
Le salaire journalier sous les « caporali » est en moyenne de 25 à 30 euros, soit 50% de moins que ne prévoit le CCNL (Contrat Collectif National de Travail), pour 12 heures de travail. À cette paie, il faut soustraire les sous aux « caporali » pour le transport au lieu de travail (5 euros), l’eau et la nourriture, le logement, et les médicaments.
Le fisc perd 600 millions €; et les travailleurs, la santé, la vie comme dénoncent les chiffres:
♦ au moins 10 morts;
♦ 72% des travailleurs attrapent des maladies qu’ils n’avaient pas au début de la saison agricole, les maladies curables avec un antibiotique deviennent chroniques parce qu’il n’y a pas de médecin ou pas d’argent pour les médicaments;
♦ 64% n’ont pas accès à l’eau courante;
♦ 62% des travailleurs saisonniers n’ont pas accès aux services hygiéniques;
♦ (en général seulement) 60% des travailleurs agricoles sont formés sur la protection sanitaire et la sécurité, alors que dans les champs, ils sont au contraire exposés aux éléments, au stress physique, aux blessures et à la surcharge biomécanique.