Bocandé scandé… à jamais!
Décédé le lundi 7 mai 2012 aux suites d’une opération chirurgicale à Metz (France), Jules François Bocandé, « Jules » comme l’appellent les intimes, a tout donné au football sénégalais, où en 73 sélections, trois CAN (Coupe d’Afrique des Nations), il a inscrit 20 buts. Meilleur buteur du championnat de France avec 23 buts, Jules a inscrit son ultime but, comme l’a fait avant lui l’autre footballeur nigérian Yékini, vendredi 4 mai.
Jules François Bocandé n’est plus! La star et ancien capitaine des Lions du Sénégal, véritable serial killer, a débuté sa carrière naturellement avec le club fanion de Ziguinchor, le Casa Sports. Il va remporter à côté de Demba Ramata Ndiaye, le coupe du Sénégal dans une finale qui a marqué à jamais les esprits des férus du ballon rond en 1979 devant le Jaraaf de Dakar. Pour défendre Dame Coupe, il se fait remarquer par un coup de tête sur l’arbitre Bacaray Sarr. Suspendu à vie, pour cette agression, il s’exile en Europe, précisément en Belgique. Mais Bocandé sera gracié 7 années plus tard. En 1985! Année des éliminatoires pour la CAN 86 en Egypte.
Jules va marquer de tout son poids et de son talent, cette rencontre contre le Zimbabwe qui est restée gravée à jamais dans les annales du football au Sénégal. Un match à quitte ou double! Comme il l’avait promis à sa descente d’avion, accueilli par une foule enthousiaste, JFB inscrit 3 buts et met fin à 18 ans de disette. La dernière participation des «Lions» dans une phase finale remonte à Asmara 68.
Bocandé se souvenait d’ailleurs de ce match en ces termes: «On m’avait gracié. Mon premier match, c’était contre le Togo, le deuxième contre Zimbabwe. Pour cette dernière rencontre, le Sénégal devait gagner pour se qualifier à la Can 86», rappelait-il. Mais, il y a un énorme hic. Un véritable obstacle même. A l’époque, la Fifa ne faisait pas obligation aux clubs de libérer les joueurs. Pour montrer son patriotisme et son amour pour sa partie, du maillot tricolore, Jules sort du « Bocandé » dont il était le seul capable.
«Je ne devais pas venir jouer ce match. Le même week-end du match contre le Zimbabwe, on avait une rencontre de Coupe de France à jouer. FC Metz voulait me garder. Il fallait que j’insulte l’arbitre, une semaine auparavant, pour qu’il me donne un carton rouge afin que je puisse venir en Equipe nationale», confie la légende du football sénégalais.
«Je n’oublierai jamais ce match. C’est cela qui était extraordinaire, je l’avais voulu et j’ai donné tout ce que j’avais dans le ventre pour y arriver. Avec l’aide de Dieu, j’avais marqué les trois buts de la victoire le premier de la tête, le deuxième sur penalties, obtenu par Joseph Koto, le troisième de la tête encore. Je n’oublierai jamais
ce match qui est resté dans les anales du football sénégalais. Ce n’était pas évident, après une suspension à vie, de faire une prestation pareille, mais c’était mon match à moi, ma revanche. C’était la qualification à une Coupe d’Afrique que je n’ai jamais jouée. J’étais fier de moi, fier d’être Sénégalais», a eu à déclarer Jules François Bocandé.
Mais ce hat-trick est loin de son seul coup d’éclat. Il a aussi le premier africain a décroché le titre de meilleur buteur du championnat de France avec 23
réalisations sous le maillot messin. Ironie du sort ou de l’histoire. C’est dans cette ville française que Jules va s’éteindre à jamais. Auréolé de gloire, il s’engage avec le Paris Saint Germain, puis l’OGC Nice et RC Lens. Sa belle carrière internationale s’achève en Belgique à Alost en 1993. Là même où tout était parti. En 223 matchs en D1 française, il a inscrit 69 buts.
Avec le Sénégal, Jules François Bocandé va amener les «Lions» au Caire 86, puis en demi-finale de la CAN 90 en Algérie. Sans occulter ce qu’a été Sénégal 92 où le Sénégal s’est fait éliminé en quarts de finale par le Cameroun.
En 73 sélections, il a inscrit 20 buts. C’est ainsi que Jules va raccrocher ses crampons pour devenir entraîeneur. Mais, son duo avec Boubacar Sarr Locotte va encore faire long feu avec une élimination en quarts de finale par la Zambie.
Il sera également aux côtés de Bruno Metsu pour les campagnes de 2002 avec une finale de la Can à Bamako et une quart de finale de coupe du monde. Le football étant une des raisons de vivre, il intègre par la suite le staff du Casa Sports avec l’avènement du football professionnel en 2009.
Connu pour son franc-parler, Jules François Bocandé sera aussi désignée parmi les «Légendes africaines» du football par la CAF. Le premier trophée continental qui récompense toute sa carrière de footballeur susmentionnée. Le décès de Jules est une grosse perte pour le football sénégalais.
Que la terre qu’il a longtemps foulé avec une balle au pied lui soit légère!