Religion et éducation!
Des imams ont invité le gouvernement à « assainir » l’enseignement coranique en veillant au respect, par les maîtres qui veulent ouvrir des « daara », des normes édictées par le ministère de l’Éducation nationale, l’Inspection des « daara » et les associations musulmanes du pays.
« L’Etat doit veiller, avant que quelqu’un n’ouvre une école coranique , à ce qu’il remplisse les conditions, en se faisant encadrer par le ministère de l’Éducation nationale, l’Inspection des « daaras », les associations musulmanes et les maîtres coraniques« , a affirmé le secrétaire général des imams et oulémas du Sénégal, Omar Diène.
L’imam Diène invite l’État à « subventionner et accompagner » l’enseignement coranique, en définissant des normes dans le but de le « sécuriser ». Il souhaite que les parents, en confiant leurs enfants à des maîtres coraniques, le fassent suivant des objectifs précis concernant la durée de l’apprentissage.
« Les parents doivent contribuer financièrement » à cet apprentissage, pour que les enfants soient nourris convenablement et logés dans de bonnes conditions, a-t-il suggéré.
Les maîtres coraniques, en ce qui les concerne, doivent éduquer les enfants comme le leur recommande la Charia, la loi islamique, a-t-il ajouté. « Ils ne doivent pas faire [de l’enseignement du Coran] un fonds de commerce« , a soutenu M. Diène.
Le Premier ministre Abdoul Mbaye a indiqué que le gouvernement préconisait « l’interdiction totale » de la mendicité des enfants, invitant les populations à s’impliquer dans la lutte contre ce fléau, en dénonçant à la Police les personnes faisant mendier des enfants.
M. Mbaye a annoncé cette décision à la suite de l’incendie qui a coûté la vie à 9 enfants, dans une école coranique de La Médina (Dakar), 3 jours auparavant. Cette déclaration du chef du gouvernement a entraîné une levée de boucliers dans les milieux maraboutiques.
Selon l’imam Serigne Diaw, qui est intervenu aussi à la conférence de presse, l’apprentissage du Coran et la mendicité ne vont pas de pair.
« Il n’y a aucune sourate qui recommande [la mendicité]. L’islam nous recommande d’apprendre le Coran et de l’enseigner. L’enfant doit être entretenu par sa famille où par l’État, puisqu’il n’a pas atteint la majorité. Nous refusons la mendicité d’une certaine catégorie de talibé. Nous demandons à l’État de ne pas revenir sur la décision d’interdire la mendicité« , a déclaré Serigne Diaw, exhortant le gouvernement à soutenir les « daara » fonctionnant sur la base des règles qu’il a édictées.
Quelque 7.600 enfants mendient à Dakar, selon une étude du Partenariat pour le retrait et la réinsertion des enfants de la rue (PARRER), une association de droit privé créée en 2007 avec le soutien de l’État sénégalais.
Cette étude indique que 30% de ces enfants viennent de la Guinée-Bissau et autant du Mali.