Voitures et sculptures!
Un fait singulier attire l’attention sur l’autoroute à péage Dakar-Rufisque. Sur ce tronçon emprunté par plus de 40.000 usagers par jour, Eiffage Sénégal a initié une exposition intitulée 6 voies sur six endroits différents avec six sculpteurs sénégalais.
Un fait singulier attire l’attention sur l’autoroute à péage Dakar-Rufisque. Sur ce tronçon emprunté par plus de quarante mille usagers par jour, Eiffage Sénégal a initié une exposition intitulée 6 voies sur six endroits différents avec six sculpteurs sénégalais. Les œuvres sont de Soly Cissé, Moussa Traoré, Guibril André Diop, Ngoor, Ndary Lo et Marc Montaret. Même si l’on connait le travail de ces derniers ou même déjà vu quelques sculptures, l’espace en plein air et sur une route offre un autre niveau de lecture. Toutes les sculptures suivent le mouvement de cette route. Chacun des artistes présente un trio d’œuvres géantes, sauf Ngoor qui en a cinq. La scénographie réalisée par l’artiste Mauro Petroni place chaque artiste sur un point stratégique pour que les œuvres soient accessibles aux usagers.
Premier arrêt, échangeur de Keur Massar où Soly Cissé montre 3 sculptures en métal tirées de sa collection Universuniverse exposée durant la dernière Biennale de Dakar, en mai. Mais le choix de ses pièces est lié au transport, à la marche. Elles sont composées de personnages mi-homme, mi-animal en forme d’un cavalier versant plus dans l’imaginaire, d’un dinosaure et d’un motard. Les sculptures s’illustrent dans la précision des formes, le découpage du métal, mais surtout l’assemblage du fer à béton. «Je voulais que sur ces trois sculptures qu’on puisse sentir le passé, les années 60 et le monde contemporain», fait savoir Soly Cissé qui appelle le public sénégalais à aiguiser sa curiosité vis-à-vis de l’art.
Deuxième arrêt, sortie de Rufisque, là Marc Montaret et Guibril André Diop se font face. Le premier présente des sculptures de couleur noir et blanc inspirées des graphismes des maisons Thébélé du Burkina Faso et faites à base de résine polyester. Mais les œuvres de Montaret ne sont pas faites que pour être regardées. L’artiste a pris en compte la dimension jeu d’enfants et mobilier, car l’œuvre sert de siège en même temps. «L’idée était de sortir la sculpture dans les galeries pour l’amener dans l’espace public et particulièrement vers les enfants peu sensibilisés. Elle doit être accessible à tous», explique l’artiste qui salue l’initiative d’Eiffage promoteur de cette exposition.
Avec Guibril André Diop, c’est un retour vers le métal comme chez Cissé. Diop fixe le mouvement à travers ses trois sculptures composées d’un personnage féminin valsant sur une bonne musique le buste en avant la jupe emportée par le vent, le vol d’oiseaux et enfin une dernière ou coupe et couture qui montre la manœuvrabilité du métal. «C’est à la mode quand on parle 3D (hauteur profondeur et largeur), si vous avez une image sur votre ordinateur, dès que cela bouge, c’est un mouvement, donc juste pour dire qu’on est plus au 3D mais 4D», précise Diop, lauréat du prix Uemoa au Dak’Art.
Les pièces restantes sont exposées au péage de Thiaroye. Les sculptures de Ngoor de son vrai nom Abdoulaye Nioror Bop montre des corps humains qui suivent un rythme. L’artiste y prend prétexte pour restituer des préoccupations, les émotions. Les œuvres sont un mélange dont la principale composante est le ciment blanc.
Ngoor qui se réjouit d’exposer à ciel ouvert et connu comme peintre s’est lancé dans la sculpture il y a seulement deux ans.
Son collègue Moussa Traoré rend hommage dans son travail en métal présenté au président Abdou Diouf.