Le Mouvement « Y en a marre » contre «l’accaparement du pouvoir».
Au Sénégal, le rap ne se décline plus seulement en flows révoltés. Il occupe désormais l’espace jadis exclusivement réservé aux acteurs politiques. Et cette intrusion ne fait pas que des heureux.
Le mouvement « Y en a marre » donne de véritables insomnies au pouvoir en place, dont le champion, Abdoulaye Wade, est prié de prendre sa retraite politique. Tous les moyens pacifiques et légaux sont bons pour ces jeunes d’exprimer leur ras-le-bol face à l’accaparement du pouvoir. C’est un combat contre cette race de dirigeants accrochés au pouvoir et incapables de s’en défaire. Cette révolte de la jeunesse sénégalaise portée par des rappeurs est un véritable retour de bâton pour Wade.
Car c’est aussi grâce à la mobilisation de cette frange de la société sénégalaise que la première alternance démocratique avait eu lieu en 2000. Le même Wade en avait été le grand bénéficiaire.
Le mouvement « Y en a marre », même si sa lutte coïncide avec les objectifs de l’opposition (faire partir Wade), a su garder ses distances vis-à-vis des clans politiques, n’en déplaise au camp présidentiel qui l’accuse de tous les maux.
Le palier à ne pas franchir pour les jeunes rappeurs, c’est de donner des consignes de vote. Ils quitteraient alors leur statut de citoyens indignés, pour devenir des acteurs politiques. Pour le moment, on n’en est pas là. Le régime , de son côté, fait semblant d’ignorer la colère des jeunes, en maintenant sa décision de présenter la candidature de Wade.
A ce rythme, la présidentielle de 2012 ne sera pas qu’une simple élection. Elle s’apparentera à un référendum entre les partisans de Wade et les autres, entre ceux qui prônent le statu quo et ceux qui aspirent à un nouveau Sénégal. C’est ce double enjeu qui donnera à la présidentielle sénégalaise toute sa saveur.
D. Dieng