Nouvelle saison « sallubre » pour le Sénégal?
Après l’euphorie de la victoire face à Abdoulaye Wade, le nouveau président sénégalais Macky Sall va devoir se préparer à répondre aux immenses attentes de ses compatriotes vivant pour la plupart dans la pauvreté et à celles des politiques qui l’ont soutenu. Ce qui nécessitera impérativement une bonne redistribution des cartes.
Prévisible, la victoire de Macky Sall, 50 ans, et sa reconnaissance quasi-immédiate par son ancien « maître » Abdoulaye Wade, 85 ans et au pouvoir depuis 12 ans, a représenté un immense soulagement au Sénégal après des violences meurtrières en février liées à la nouvelle candidature du président sortant.
En effet, la victoire a été saluée aussi bien par les Sénégalais que par plusieurs personnalités à travers le monde qui suivaient de près l’évolution du processus électoral au Sénégal.
La reconnaissance très rapide par le président Wade de sa défaite, avant même la publication de premiers résultats officiels, a surpris et a permis à ce pays de l’Afrique de l’Ouest à échapper à une flambée de violence qui devait déboucher sur un baie de sang.
Cette victoire de Macky Sall en toute transparence a été aussi un motif de soulagement pour l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui peine encore à éteindre le brasier malien ayant pris des allures inquiétantes après le renversement de l’ancien président Amadou Toumani Touré, un général à la retraite qui incarne, jusqu’à la preuve du contraire, la démocratie malienne.
Dans sa première déclaration publique après son succès, Macky Sall a d’ores et déjà souligné que « l’ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l’immensité des attentes de la population, j’en prends toute la mesure. Ensemble, nous allons nous atteler au travail ».
« Les Sénégalais nous attendent sur des dossiers très concrets« , a déclaré pour sa part Chekh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères d’Abdoulaye Wade et candidat éliminé au premier tour du 26 février qui, comme tous les autres, avait appelé à voter pour Sall.
M. Gadio a cité le coût de la vie, le prix du carburant, les inondations dans les banlieues de Dakar, les coupures d’électricité, l’emploi de jeunes.
A la veille de son élection, M. Sall, plusieurs fois ministre, puis Premier ministre de Wade, avait indiqué avoir « plusieurs urgences« , dont la « situation dramatique des finances publiques » et « le règlement de la situation alimentaire préoccupante de plus de 800 000 Sénégalais » menacés de famine dans le Nord du pays à cause de la sécheresse.
Face à la pauvreté qui frappe une majorité de treize millions de Sénégalais sans emploi stable, et dont beaucoup préfèrent partir clandestinement vers l’Europe, parfois au péril de leur vie sur des pirogues de fortune, une autre de ses priorités est de baisser les prix des denrées alimentaires de base.
Il entend pour y parvenir revoir « très rapidement la gouvernance » pour « qu’on allège le fonctionnement de l’Etat« , en réduisant en particulier les représentations diplomatiques du Sénégal et en baissant de moitié environ le nombre de ministres qui sont actuellement une quarantaine.
Outre les urgences, Macky Sall devra tenir aux engagements et veiller au partage équitable des postes ministériels et d’autres tâches avec tous ceux qui l’ont soutenu dans cette ultime bataille pour réussir l’alternance politique au Sénégal.
De même, il fera mieux d’éviter la politique d’exclusion de manière à récupérer certains proches de l’ancien président dont l’expérience avérée pourra apporter une pierre à l’édifice du nouveau Sénégal au sommet de l’Etats.
Sur le plan des relations extérieures, Macky Sall est appelé de se démarquer de son prédécesseur afin de cesser de servir de caisse à résonance de l’ancien colonisateur quant à la position à adopter aux grands problèmes des Relations Internationales.