Mbaye… bye?
Le président Macky Sall a démis de leurs fonctions le Premier ministre Abdoul Mbaye et les membres de son gouvernement, a annoncé dimanche la présidence de la République.
« Le président de la République, Son Excellence M. Macky Sall, a mis fin aux fonctions de Monsieur le Premier ministre Abdoul Mbaye et de son gouvernement, ce dimanche 1er septembre 2013. Un Premier ministre sera nommé dans les prochaines heures« , écrit Abdoul Abel Thiam, le porte-parole du chef de l’Etat, dans un communiqué reçu à l’APS.
Abdoul Mbaye, banquier de formation, avait été nommé Premier ministre le 2 avril 2012 par le président Macky Sall, qui venait de remporter l’élection présidentielle de février-mars de la même année.
En décembre dernier, l’Assemblée nationale avait a rejeté une motion de censure déposée par le groupe des Libéraux et démocrates contre le gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye. Ses auteurs visaient M. Mbaye, en raison de son rôle supposé dans le placement au Sénégal de l’argent de l’ex-président du Tchad, Hissène Habré, à l’arrivée de ce dernier à Dakar, en 1990.
Devant les députés, Abdoul Mbaye a dit n’avoir pas commis de « faute professionnelle » ou « pénale » dans la gestion des fonds de M. Habré par la banque dont il était directeur général de 1989 à 1997.
« J’ai pris toutes les précautions d’usage en la matière. J’en ai informé les autorités. J’ai interrogé une banque correspondante de la CBAO (Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest) au Tchad pour en savoir davantage sur l’origine des fonds à placer en dépôt. J’ai ensuite autorisé l’opération sans aucune réserve », s’était-t-il défendu.
M. Mbaye, 60 ans, est diplômé de l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) de Paris, de la Sorbonne (France) et de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
En 1976, ce fils du célèbre magistrat Kéba Mbaye rejoint la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) comme économiste et y travaille sous la direction d’Alassane Dramane Ouattara, l’actuel président de la Côte-d’Ivoire, renseigne sa biographie.
En 1982, le président Abdou Diouf le nomme président-directeur général de la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS). Il avait 29 ans. En 1990, il participe à la restructuration de la Banque internationale pour l’Afrique occidentale (BIAO)-Sénégal.
M. Mbaye devient par la suite directeur général de la Compagnie bancaire de l’Afrique occidentale (CBAO) créée sur les cendres de la BIAO. Tout en étant à la tête de la CBAO, il lance la première société de leasing au Sénégal et le premier fonds d’investissement de l’Afrique de l’Ouest.
Il a été le premier président du Groupement interbancaire monétique (GIM) de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui réunit aujourd’hui huit pays membres de la BCEAO.
Abdoul Mbaye a aussi été président et membre fondateur de l’Institut sénégalais des administrateurs (ISA) et président du conseil d’administration de l’Ecole polytechnique de Thiès.
En 1999, il fait partie du consortium qui rachète la Banque sénégalo-tunisienne (BST), dont il devient directeur général. En 2006, Attijari Bank rachète la majorité des parts de la BST.
Abdoul Mbaye a été chargé du cours de politique monétaire à l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Sénégal, président de la commission finances et commerce de l’ex-Conseil économique et social, et membre du Conseil présidentiel de l’investissement.
Portant un grand intérêt au sport, il a été trésorier général de la Fédération sénégalaise de football, président de la Fédération sénégalaise d’athlétisme et vice-président du Comité national olympique et sportif sénégalais. Il est actuellement membre de la commission marketing du Comité international olymique (CIO), qui est basé à Paris.
Abdoul Mbaye a été président de l’Association des professionnels de la banque et des établissements financiers (APBEF).
M. Mbaye, marié et père de quatre enfants, est Commandeur de l’ordre du mérite du Sénégal, Chevalier de l’ordre national du Lion et Chevalier de l’ordre du mérite de la France.
Ce banquier invite souvent les managers et dirigeants d’entreprise à savoir faire preuve d' »audace » en intégrant les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans leur démarche. Il les appelle aussi à « oser » créer des ruptures avec « les vieilles méthodes » de travail.
« Le seul conseil que je me permettrais de donner, c’est qu’en matière de technologie, un dirigeant doit savoir être audacieux. [… ] Toujours se souvenir que la technologie complexe simplifie traitement et procédures dans leurs parties assurées par l’homme. On s’enferme trop rapidement dans les vieilles méthodes. Il faut qu’on sache oser créer cette rupture. C’est un progrès important que de recourir aux TIC et de savoir qu’il n’y a aucune limite« , a-t-il une fois dit lors d’un séminaire sur la banque et l’avenir de l’entreprise.