Qui pêche illicitement… pèche!
Un bateau russe a été arraisonné, vendredi, par la marine sénégalaise, pour le délit de pêche sans autorisation au large des côtes sud du pays. Le navire «Oleg Neydanov», un multirécidiviste, avait été arrêté pour la même infraction en mai 2012.
Un bateau battant pavillon russe qui pêchait illégalement dans les eaux sénégalaises a été intercepté et arraisonné, samedi, au port de Dakar. Le navire, du nom de «Oleg Neydanov», se trouve être multirécidiviste. Il a été arraisonné à vue le 23 décembre 2013, au large de la Casamance. Dans un premier temps, le bateau aurait refusé d’obtempérer, mais il a été finalement contraint de plier, sous une bonne escorte de la marine nationale, renforcée d’un autre navire avec, à son bord, des commandos. Contrairement à des informations faisant état de son arraisonnement dans la zone commune avec la Guinée-Bissau, le navire se trouvait dans les eaux sénégalaises au moment de l’intervention de la marine nationale. « Le bateau se trouvait dans les eaux sénégalaises, et non pas dans la zone commune », précise le directeur de la Protection et de la Surveillance des pêches, le colonel Cheikh Sarr, joint au téléphone.
Le « Oleg Neydanov » n’en est pas à sa première présence illégale dans les eaux sénégalaises puisque, selon le colonel Sarr, il avait été arrêté dans la même zone en mai 2012 pour la même infraction de pêche sans autorisation. Cela pourrait donc alourdir la sanction prévue. Pour ce genre d’infraction, le code de la pêche prévoit une amende allant de 150 à 200 millions de FCfa, en plus de la saisie du produit et de l’engin ayant servi à sa capture. Mais, en cas de récidive, comme c’est le cas aujourd’hui avec le « Oleg Neydanov », explique le directeur de la Protection et de la Surveillance des pêches, il y a une sanction supplémentaire. Ce qui veut dire qu’une double amende pourrait être infligée au navire.
Le Sénégal pourrait saisir le « Oleg Naydanov », selon Haïdar El Aly
Soucieux de la préservation des ressources halieutiques, le ministre de la Pêche et des Affaires maritimes, Haïdar El Aly, a laissé entendre que le Sénégal pourrait saisir le bateau russe « Oleg Neydanov », arraisonné pour pêche sans autorisation dans nos eaux.
Le ministre de la Pêche et des Affaires maritimes, condamnant fermement cette attitude du bateau russe, a déclaré que le gouvernement du Sénégal prendra toutes ses responsabilités face à cette situation. Dans la mesure où il y a eu refus d’obtempérer, le ministre n’a pas écarté la possibilité de voir quelle mesure utiliser pour saisir le bateau. « Ce navire est un multirécidiviste. En plus de son refus d’obtempérer, la loi nous autorise à saisir son matériel de pêche. Nous allons prendre toutes les mesures pour donner l’exemple », a soutenu Haïdar El Aly. Ce dernier, qui intervenait sur les ondes d’une radio de la place, a estimé qu’ « au moment où la ressource, qui est un facteur très important pour notre développement économique, pour la pêche artisanale et pour la sécurité alimentaire, est en train de se faire rare, il n’est pas normal que nous permettions à des bateaux n’ayant pas l’autorisation de pêcher chez nous de le faire de manière illégale ».
La situation est d’autant plus alarmante que l’arraisonnement de l’« Oleg Neydanov » est intervenu quelques jours seulement après l’identification, dans cette même zone, de quatre bateaux en train de pêcher sans autorisation. « Ils avaient été identifiés et poursuivis, malheureusement, ils avaient réussi à s’échapper pour aller se réfugier en Guinée-Bissau », a regretté le ministre. La Guinée-Bissau, a-t-il indiqué, avait accepté généreusement de soutenir le Sénégal en n’augmentant pas les permis de pêche. « Le Sénégal paye un droit de pêche pour pouvoir pêcher en Guinée-Bissau, et j’avais trouvé cela très généreux, parce que nous avions été fraternellement et chaleureusement accueillis par le gouvernement de ce pays », a souligné Haïdar El Aly. Aussi, a-t-il poursuivi, « si le Sénégal, pour pêcher en Guinée-Bissau, paie des redevances, je ne vois pas pourquoi les navires russes pêchent au Sénégal et ne payent pas de redevances ».
Les bateaux pirates font perdre au Sénégal 150 milliards de FCfa par an
Selon le ministre Aly Haïdar, des études ont montré que le Sénégal perd 150 milliards de FCfa du fait des bateaux pirates qui viennent piller nos ressources. Il a rejeté ainsi toute initiative d’impulser la pêche industrielle. « Nous ne voulons pas développer la pêche industrielle, parce que les ressources sont menacées », a-t-il indiqué. Les autorisations accordées aux navires étrangers ont été suspendues par le Sénégal depuis le 1er avril 2012 dans une perspective d’assurer une meilleure exploitation rationnelle des ressources halieutiques, particulièrement les pélagiques. Cette mesure a été bien appréciée par les acteurs de la pêche artisanale, dont une forte communauté tire ses revenus de ces ressources
