Ngalaax: gala dans l’axe du régal au Sénégal!
Fini le carême, marquant 40 jours de jeûne et d’endurance dans l’accomplissement d’oeuvres pieuses. Place maintenant à la Pâque qui sera célébrée demain dimanche 8 avril.
Au Sénégal, en plus de ce retour vers le Christ, le vendredi Saint est marqué par la préparation de mets spéciaux appelés « ngalaax ». Cette recette est une forme d’expression du dialogue interreligieux dans notre pays en ce sens que les familles chrétiennes la partagent avec celles d’autres communautés, notamment musulmanes.
Le ngalaax, une succulente bouillie à base de mil, du sucre, du pain de singe, de patte d’arachide, préparé en quantité suffisantes par des chrétiens qui en distribuent l’essentiel à tour de bras aux familles musulmanes voisines. Partout où presque le ngalaax a tendance à devenir une mode au Sénégal.
Car nos parents et amis Catholiques prennent plaisir à l’offrir à leurs frères et soeurs musulmans. Cependant, même si cette tradition est encrée au sein des familles chrétiennes, chacun y va de ses compositions et trouvaille pour juguler la conjoncture.
Toutes certains expliquent que cette année, ils feront de préférence des beignets à leurs voisins musulmans, cherté des denrées oblige.
«Les denrées sont chères, avec le prix du sucre qui s’élève à 700 FCfa le kilogramme, sans épargner le mil, le pain de singe, mais aussi la patte d’arachide. En outre, il y a les charges de la famille. Par exemple le lundi de Pâques et le dimanche il faut préparer un plat exceptionnel» note une jeune dame. Tout comme une autre dame du même quartier: «C’est bien de faire plaisir à nos voisins musulmans, mais depuis que les prix ont augmenté, je donne des pâtisseries et de la boisson sucrée à mes voisins». Conjoncture oblige!
A cela s’ajoute le fait que des prêtres déplorent le fait que la préparation du ngalaax constitue un prétexte pour ne pas aller à la messe pour certains fidèles.
«Depuis l’année dernière nos prêtres ont déploré cette situation. Le vendredi on ne doit plus préparer le ngalaax, car les fidèles catholiques préfèrent préparer leur ngalaax pour ne pas aller à la messe, ni au chemin de Croix. L’idéal serait d’attendre le samedi pour sa préparation».
Ce plat n’est qu’une tradition purement sénégalaise, l’Eglise ne l’exige pas. D’ailleurs «il n’y a aucun rapport entre le ngalaax et la religion», précisait, l’année dernière, le père Martin Tine le la Paroisse Saint Joseph de Médina. «Le ngalaax n’est absolument pas une obligation. Simplement on demande aux fidèles de partager cet effort de carême avec les autres, mais avec des gens plus nécessiteux et cela durant tout le temps du carême et le jour du vendredi Saint. Et donc il n’est aucunement recommandé. N’ayant pas les moyens, de s’endetter pour faire du ngalaax, cela n’a pas de sens».
Même son de cloche chez les protestants. Selon le pasteur Song, originaire de la Corée, «la Religion biblique n’exige pas le ngalaax, ce n’est pas une obligation».
Dior Niasse