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SENEGAL: Rappel à dieu de El Hadj Bassirou Diagne – Le patrimoine orphelin

Paix à son ame!

Le Grand Serigne de Dakar, El Hadji Bassirou Diagne Marième Diop Makhtar n’est plus. Le grand dignitaire de la collectivité léboue a rendu l’âme à l’âge de 84 ans des suites d’une longue maladie, ce lundi 25 mars dans une clinique à Dakar. Ainsi, avec la disparition du chef coutumier, le Sénégal des valeurs traditionnelles devient orphelin. Le patrimoine en deuil.

altDans ce contexte mondial secoué par les pertes de valeurs et de repères, des dignitaires de la trempe de El Hadj Bassirou Diagne ont contribué au ressourcement de la nouvelle génération. Le patriarche incarnait l’Afrique des valeurs ancestrales et assurait la transmission des repères, des canaux d’éducation traditionnelle et valorisait également le patrimoine immatériel. Son franc parlé forçait l’admiration. Son sens aigu des relations fascinait plus d’un. Toujours élégant dans ses costumes traditionnels, le gardien du temple lébou persuadait par ses arguments tirés de l’histoire des peuples de l’eau.

Il prônait l’union des cœurs et des esprits au Sénégal, l’unité en Afrique, seule voie de salut du continent. Il l’a dit aux chefs traditionnels africains: de Lesotho, du Botswana, du Mali…. au Moro Nhaba du Burkina Faso, au regretté Kadhafi à Syrte en Libye aux rois baoulés de la Côte d’Ivoire…El Hadj Bassirou Diagne ne cessait de rappeler les mécanismes traditionnels, endogènes de prévention, de gestion et de résolution des conflits en Afrique. Le patriarche l’a souligné avec force lors d’une grande rencontre des chefs traditionnels d’Afrique en Libye sur invitation du guide libyen.

Affable, généreux, d’un commerce facile, humble, El Hadj Bassirou Diagne aimait échanger avec les jeunes, discuter sur l’impérieuse nécessité de préserver et de promouvoir les valeurs traditionnelles et spirituelles dans ce monde en crise. Puisant ses sources d’échanges dans le patrimoine lébou, il mettait en lumière le respect de la personne humaine, le droit d’aînesse, l’amour de la patrie, la solidarité active, etc. De Diekko à Toubab Dialaw, en passant par Yenn, Bargny,

Tengethie, Thiaroye, Gokhou Mbathie, Kayar, Yoff, Mboth, Santhiaba, Yakh Dieuf, Ngor, Ouakam entres autres localités lébous et penc, il rendait visite aux dignitaires, pour la sauvegarde des intérêts de la collectivité léboue et aussi partager avec les populations sur les valeurs cardinales de la république léboue.

Homme de consensus et de courage, fin pédagogue, El Hadj Bassirou Diagne que certains surnommaient médiateur social, s’investissait dans les règlements des conflits au Sénégal, les crises universitaires, les différends politiques, sociaux et familiaux.

Ce tribun hors pairs savait utiliser les médias en temps pour s’dresser à ses concitoyens sur les questions politiques et sociales qui secouaient le pays. Très écouté, il réussissait à calmer les esprits et créer discrètement des rencontres avec les protagonistes et dénouer des crises. Et loin des médias et du grand public.

Tidiane convaincu, ce disciple de Serigne Babacar Sy, avait tissé des relations solides avec toutes les familles religieuses, tidiane, khadre, mouride, layène et la communauté chrétienne au Sénégal.

Pour l’adhésion des familles religieuses à l’Organisation de la Conférence islamique au Sénégal, il a joué un grand rôle.

Heureuse coïncidence: El Hadj Bassirou Diagne est décédé le lundi 25 mars 2013 alors que son guide spirituel Serigne Babacar Sy fut rappelé à Dieu un lundi du 25 mars 1957.

Inspecteur de police dans sa prime jeunesse, il préfère démissionner, car le salaire ne lui suffisait pas, disait-il, pour s’occuper de sa mère et de sa famille. Il se lança dans les affaires. Il devint promoteur de lutte ensuite organisateur de quinzaines économiques au stade Iba Mar Diop entre autres activités dans le secteur privé.

L’éthique et le professionnalisme étaient la clé de succès de ses activités. Il avait aussi en bandoulière le respect de la parole donnée.

Le fils de Adja Marième Diop Makhtar rejoint sa mère qu’il chérissait tant. Et pour qui, adulte, il effectuait déjà des tâches domestiques. Il va reposer à côté sa mère au cimetière de Yoff.

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