Karim rime avec… tric-trac de la traque?
C’est maintenant officiel! Les avocats de l’Etat du Sénégal ont rendu public, lundi après-midi à Paris, la plainte qu’ils ont déposée au nom de l’Etat contre tous «les agents publics sénégalais acteurs ou complices, contre les complices qui peuvent ne pas être des agents publics sénégalais».
Dans la plainte déposée par l’Etat du Sénégal en France, c’est Karim Wade qui est principalement visé. A cause de ses fonctions élargies. C’est ce qui transparaît dans la déclaration du pool des avocats de l’Etat du Sénégal. La plainte a été déposée le 27 novembre dernier et l’enquête a été ouverte moins de trois semaines après le dépôt. L’initiative a été prise, souligne Me Simon Ndiaye, par l’Etat du Sénégal.
«C’est une première parce que dans les autres cas, ce sont les associations qui portaient plainte», indique le coordonnateur du pool des avocats sénégalais, selon qui c’est une «dizaine de personnes» sénégalaises qui ont été citées dans la plainte. Mais c’est Karim Wade qui semble être la principale personne visée dans cette enquête. D’ailleurs, le dossier judiciaire porte son nom.
«On peut l’appeler Affaire Karim Wade et autres», répond Me Ndiaye, refusant de donner les noms des autres Sénégalais cités dans la plainte.
«Ce qui emblématique dans le cas de Karim Wade, c’est qu’il symbolise une certaine façon de gouverner pendant une certaine époque, une façon de gérer les biens publics et un certain comportement vis-à-vis du citoyen», ajoute Me Simon Ndiaye, qui indique ce qui l’intéresse dans ce dossier, «c’est le travail technique. Sur le plan du droit, compte tenu des fonctions qu’il occupait, je pense qu’il n’y a pas de comparaison à d’autres personnes en termes de responsabilités très élargies. Maintenant c’est l’enquête qui va déterminer si, au final, malgré le nombre de fonctions qu’il occupait à l’époque, il a fait son travail comme il fallait notamment en matière de gestion de biens publics», explique-t-il, précisant que «les affaires en général portent un nom».
De son côté, Me Khaly Niang qualifie Karim Wade dans cette affaire de «cerveau essentiel» à cause de ses nombreuses responsabilités rappelées par Me Simon Ndiaye.
Les avocats du Sénégal ont précisé que le président Wade n’a pas été cité dans la plainte. Mais qu’il reviendra à l’enquête de dire le degré d’implication des uns et des autres dans le cas où il est avéré qu’ils sont trempés dans le détournement de biens publics.
«Nous avons trouvé des opérations qui sont menées ici en France ou au Sénégal, qui, selon notre analyse, constituent des infractions. Les transactions financières, des contrats signés au nom de l’Etat du Sénégal en violation des règles. C’est essentiellement des infractions financières. On est là dans le cadre du crime économique», déclare Me Ndiaye qui dit ne pas pouvoir confirmer si la justice française a découvert ou non deux appartements appartenant au président Wade comme cela a été annoncé dans certains médias.
D’autres zones géographiques sont visées, notamment les pays du Golfe et des paradis fiscaux. Dans ces pays, la stratégie à adopter par les avocats n’a pas été clairement définie.
«Avec la plainte déposée en France, le dossier devient celui de la justice française. Elle a les moyens de perquisitionner . Elle peut interpeller, demander des ressources nécessaires. Alors que si c’est une commission rogatoire, ça reste une procédure sénégalaise. Ce qui fait que la justice française doit se conformer à des droits différents et n’a pas les mêmes ressorts», se défend Me Ndiaye.
En tous les cas, il reviendra aux responsables du Pôle financier de la justice française de dénouer le vrai du faux.
Karim Wade n’est pas seulement traqué au Sénégal