Se voter sans se botter!
Le fait se passe sans tambours ni trompette. Et pourtant, il est un évènement qui, sous d’autres cieux africains, suscite tant de passion qu’il dresse des familles ou des clans les uns contre les autres, distille le venin de la violence et de la haine dans les veines des frères et soeurs d’une même communauté, etc. Nous parlons des élections générales en Sierra Leone qui ont commencé depuis samedi 17 novembre mais qui, jusqu’ici, se déroulent sans accrocs, ni heurt majeur.
Il y a au moins deux leçons que la nation sierra-léonaise qui revient d’une longue et pénible guerre civile, donne aux éternels «apprentis de la démocratie» ainsi que se complaisent à s’appeler les républiques bananières.
La première leçon est sans nul doute le sérieux dans l’organisation de ce scrutin pour le moins complexe et la discipline des acteurs politiques. Il est de notoriété publique que le climat pré ou postélectoral dans un pays dépend forcément du tempérament et de la discipline des protagonistes en présence. Dans bien des pays sur le continent, le pouvoir qui s’acquiert par un jeu politique est une fin en soi. De sorte que l’on use de tous les moyens subreptices pour le conquérir ou le conserver. En la matière, on aura d’ailleurs tout vu sur le continent noir. Certes, elle semble loin de nous, l’époque où on faisait disparaître les urnes dans la nature.
Mais, ils sont encore nombreux, ces politiciens sur le continent africain qui travaillent à adapter leur intelligence au nouveau contexte où le monde est si transparent que l’on ne peut rien y cacher. La Sierra Léone donne cet autre exemple à travers l’idée combien noble qu’a eu sa classe politique d’organiser des élections générales. Il est démontré que ce mode de scrutin coûte moins cher aux contribuables africains qui, pour la plupart, tirent déjà le diable par la queue.
A la vérité, nos économies de comptoir ne devraient pas se permettre l’organisation d’élections qui leur coûtent des moyens astronomiques. Mais, à quoi s’attendre quand on sait que certains pouvoirs organisent séparément les élections en se fondant sur des calculs purement politiciens. C’est à dessein qu’ils appliquent la «stratégie de la pyramide inversée» en commençant par l’élection au sommet pour venir vers les élections à la base. En distançant les scrutins les uns des autres, les pouvoirs en place ont l’intime conviction que les populations font souvent l’amalgame entre le programme du président peu de temps auparavant et celui des élus locaux qui négocient des voix.
Toutes ces stratégies politiciennes ont ceci de commun qu’elles grippent la machine de la démocratie et encouragent la médiocrité dans la gestion de la chose commune. Tout en espérant que le processus électoral se terminera bien en Sierra Léone, il faut inviter les pays africains qui rusent avec les principes démocratiques à suivre ce modèle. Il n’y a pas de honte à prendre l’exemple sur un pays qui, bien qu’ayant été déchiré par la guerre fratricide, a vite pris le train de la démocratie en marche.