Vers la fin de… l’anomalie Somalie?
La lutte contre les islamistes armés, les Shebab, en Somalie, a pris un nouveau tournant grâce à la reprise du contrôle, par l’armée kenyane, du port stratégique de Kismayo, considéré comme le bastion de ces terroristes, affiliés à Al-Qaïda.
«Kismayo est tombée avec un minimum de résistance. L’important est que nous ayons pris la ville portuaire. Il s’est agi d’une opération conjointe par air et au sol, nous sommes finalement entrés à Kismayo à 2h00 du matin. La reprise de Kismayo signifie que la source principale de revenus des Shebab a disparu… Ils ont maintenant été affaiblis. Nous exhortons les habitants de Kismayo à rester calmes et à se tenir à l’écart des cibles Shebab. La sécurité civile constitue la première priorité des KDF», a déclaré le porte-parole de l’armée kényane, Cyrus Oguna, refusant de détailler les effectifs impliqués dans l’assaut lancé dans la nuit.
La chute de la ville portuaire de Kismayo constitue en fait une étape importante dans la lutte contre les Shebab qui ont raté, le 10 septembre dernier, leur attentat contre le nouveau président somalien, Hassan Cheikh Mahmoud. Ce dernier a été ciblé par un kamikaze qui a foncé sur l’hôtel qui lui sert de résidence, à Mogadiscio, deux jours seulement après son élection par le Parlement somalien à la tête du gouvernement de transition.
Depuis qu’ils ont été chassés de Mogadiscio, en août 2011, les Shebab ont subi une série de revers militaires, et le port de Kismayo, le plus important au sud de la Somalie, constitue leur dernier bastion d’importance. Ils contrôlent néanmoins toujours de vastes portions du sud et du centre somaliens.
L’armée kényane est entrée en octobre 2011 en Somalie pour contribuer à un effort de guerre international contre les Shebab, qui combattent les fragiles institutions somaliennes, dans ce pays livré à la guerre civile depuis 1991. Mais des voix accusent le Kenya de chercher à s’approprier les richesses naturelles et forestières des zones situées à la frontière avec son voisin somalien, ce qui expliquerait donc l’implication militaire active de ce pays, où des réseaux de soutien aux Shebab sont très présents.
Ce départ de Kismayo, le dernier bastion des islamistes somaliens, est intervenu au lendemain du début de l’opération des forces kényanes, qui auraient laissé une porte de sortie aux insurgés pour éviter une confrontation sanglante en pleine zone urbaine.
Mais les shebabs préfèrent parler de retraite stratégique. Le porte-parole des rebelles, Ali Mohamud Rage, évoque déjà une future contre-attaque. Il vient de déclarer que Kismayo se transformerait vite en «champ de bataille».
L’armée kenyane appelle les insurgés qui sont restés en ville à rendre leurs armes.