Revers de… maestro?
Sûr de lui… « partageux », Stromae dévoile ses recettes de musique comme on partage une recette de cuisine sans arrière pensée ; deux ustensiles ne le quittent jamais: un mini-clavier et un ordinateur portable comme autant d’outils ordinaires, outils du quotidien de toute une génération.
Créativité, humour, dérision et prise de risque… Tintin privé de Milou… artiste confirmé à la croisée du rap, du slam et de la variété façon « chanson réaliste », de la bande dessinée aussi, plus belge que Stromae… tu meurs ! Car, chez Stromae c’est toute la Belgique qui raisonne et chante…
Brel, Arno, Geluck, Hergé… le surréalisme d’un Magritte… nul doute, parmi les pays francophones, seule la Belgique (avec le Québec des années 70), était capable d’accoucher d’une telle individualité depuis qu’en France, plus aucune ambition artistique n’est réellement envisageable en dehors du Rap, underground de surcroît (1).
Homme et femme, mi-homme mi-femme… allez savoir ! (les fées des genders studies se seraient-elles penchées sur le berceau d’un Stromae androgyne ?) Enfant-adulte-ado venu au monde très jeune, à la fois trop tôt et trop tard, dans un monde déjà très vieux, un monde trop grand pour un Stromae en clown triste, enfant de la balle dans le cirque d’une vie infernale, celle des adultes… – inceste, pédophilie, viol, divorce, brutalité conjugale, familles re-décomposées, abandon, absence du père -, Stromae a pris un jour le parti d’en hurler toute la désolation.
Stromae, c’est l’arbre qui ne cache plus la forêt – l’arbre d’une réussite qui serait sans profit ni enseignement pour personne sinon pour les intéressés et leurs producteurs -, car Stromae porte avec lui la mise en échec de toute une génération : avenir bouché, petits boulots sans âme, salaires obscènes, ascension en panne, les ailes coupées nettes en vol… comas éthyliques (plus rarement idylliques)…
De cette impasse, voie sans issue, c’est bien toute une génération qui prend le parti non pas d’en rire mais d’en danser toute l’amertume avec Stromae ; une génération qui ne vieillira sans doute plus faute de pouvoir mettre ne serait-ce qu’un pied à l’étrier d’une vie dans laquelle on se forge comme jadis les forgerons la matière brûlante et incandescente -, un destin inattendu, insoupçonnable encore, un destin plus grand que soi, à la fois individuel et collectif.
Mais alors… post-houellebecquien Stromae? Qu’à cela ne tienne… en attendant… bonne route et bonne chance à lui.
VIDEOS
(Les leçons c’est tous les memes) – http://www.youtube.com/watch?v=zeHWMnHrH3s
(Papaoutai) – http://www.youtube.com/watch?v=oiKj0Z_Xnjc
(Formidable) – http://www.youtube.com/watch?v=S_xH7noaqTA
(Alors on danse) – http://www.youtube.com/watch?v=7pKrVB5f2W0
Serge U.