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OPPOSITION POLITIQUE: À Conakry et à Lomé, sale temps pour l’opposition?

Qui dépositionne l’opposition?

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré est en visite officielle à Dakar. La crise malienne sera au menu de sa visite tandis que les leaders de l’opposition guinéenne doivent comparaître devant la justice où ils seront entendus dans l’affaire de la marche du 27 février dernier qui avait dégénéré en bataille rangée entre manifestants et forces de l’ordre à Conakry. Cette manifestation s’était soldée par une dizaine de morts et des dégâts matériels importants.

altPour cela, la liste des délits pour lesquels ils sont poursuivis est longue comme celle d’une douloureuse ordonnance: attroupements; défilés et cortèges armés sur la voie publique; coups et blessures volontaires; outrages envers les dépositaires de la force publique; dommages à la propriété privée; manifestations en bande; destructions et dégradations d’édifices publics ou installations publiques ou privées; entrave à l’exercice des droits et des libertés individuelles; etc.

En battant le pavé ce jour-là, l’opposition entendait exiger la tenue effective d’un «scrutin législatif libre et transparent». Un scrutin qui est en passe de devenir un véritable serpent de mer car maintes fois annoncé et autant de fois repoussé aux calendes… guinéennes.

Pendant qu’à Conakry les leaders de l’opposition s’apprêtent à jeter toutes leurs forces dans cette bataille pour se soustraire des griffes de la machine judiciaire, à Lomé également, c’est à ce même combat que se préparent les contradicteurs politiques du président Faure. Des figures de proue de l’opposition togolaise ont, depuis un certain temps, maille à partir avec la justice. Dernier épisode en date: l’inculpation le mardi 13 mars dernier de Jean Pierre Fabre, président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), et d’Abasse Kaboua du Mouvement des Républicains Centristes (MRC). Comme d’autres opposants, ils sont soupçonnés d’être impliqués dans l’affaire des incendies criminels des marchés de Lomé et de Kara.

Comme on le voit, au Togo comme en Guinée, c’est vraiment un sale temps pour l’opposition. Dans ces capitales, le ciel judiciaire est particulièrement chargé et très peu favorable pour ceux qui donnent des insomnies aux régimes en place.

Ce qui est sûr, seul un procès équitable et transparent de ce qui se présente comme un feuilleton judiciaire à Lomé et à Conakry peut ramener la sérénité dans ces capitales. De toute évidence, ces actions judiciaires sont en fait un vrai piège contre le pouvoir. Si les opposants sont déclarés coupables, il sera difficile de ne pas y voir un procès politique. Pourtant, s’ils sont relaxés, on criera volontiers à l’acharnement judiciaire contre les contradicteurs des régimes établis. Donc, l’un dans l’autre, quelle que soit l’issue de ces procédures judiciaires, Alpha Condé et Faure Gnassimgbé sortiront avec une image un peu plus écornée.

Ces pugilats judiciaires se déroulent dans une situation de crise où la confiance est rompue entre les acteurs de la scène politique. Dans ces conditions, la voie judiciaire ne sera d’aucun secours réel et durable. Il faut plutôt un consensus politique pour sortir ces pays de la spirale des crises politiques et sociales dans lesquelles ils semblent englués depuis des décennies.

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