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TUNISIE: Commémoration de la fête des martyrs

Honneurs aux vaillants!

L’avenue Habib-Bourguiba a accueilli, mardi 9 avril, quelques milliers de Tunisiens venus célébrer la fête des Martyrs et était semblable à un arc-en-ciel.

altDes politiques, des activistes associatifs, des hommes, des femmes, des jeunes et moins jeunes se sont exprimés énergiquement pour rendre hommage à ceux qui se sont sacrifiés pour que la Tunisie et les Tunisiens vivent dignement. La rue était donc riche en couleurs. Mais les horizons étaient encore une fois entachés de brumes. La division était de la partie alors qu’il fallait que tout le monde s’unisse.

«Fidèles, fidèles au sang des martyrs», «Non à l’arrivisme», «La liberté vaut du sang», «Travail, liberté, dignité nationale», «Le peuple veut savoir qui a tué Belaïd», scandaient les premiers venus.

Partisans de l’Union pour la Tunisie, qui regroupe Nida Tounès, le Parti Républicain, la Voie Démocratique et Sociale, Al Massar, le Parti Socialiste et le Parti du Travail Patriotique et Démocratique, ils ont, ensuite, fait une marche de protestation qui a pris de l’ampleur avec l’arrivée de plusieurs retardataires.

Pour eux, la commémoration de la fête du 9 avril est une occasion non seulement pour exprimer leur gratitude à ceux qui leur ont offert l’indépendance, la liberté et la dignité, mais aussi pour «éveiller les consciences mortes en leur rappelant que l’intérêt supérieur de la patrie doit primer sur toutes sortes de calculs».

Amira, la trentaine, faisant flotter avec enthousiasme le drapeau d’Al Joumhouri pense que la Tunisie, dont l’indépendance a coûté la vie à plusieurs de ses enfants valeureux, est à la croisée des chemins, «étant prise pour un butin à partager entre des prédateurs impitoyables».

Deux ans après la révolution, elle trouve que les classes pauvres sont devenues plus pauvres et que les régions longtemps marginalisées le sont encore. «Je veux dire à ceux qui nous gouvernent aujourd’hui qu’il n’y a pas de salut dans la trahison. Uniquement à nos martyrs et aux vrais patriotes, la nation est et sera reconnaissante».

Des propos qui ont suscité la réaction d’un sympathisant d’Al Massar: «A ces Tunisiens qui croient que le combat est fini, j’aimerais dire qu’il nous reste beaucoup à faire pour nous assurer de la réussite de notre révolution. Nous avons besoin de la vigilance de tous les citoyens qui plaident pour la liberté et qui dénoncent l’asservissement de l’homme afin de faire face à d’infinies manœuvres puisant dans l’instrumentalisation des gens par la religion», affirme le jeune homme avant de regagner un cortège mené entre autres par Taïeb Baccouche et Khemaïs Ksila (Nida Tounès), Saïd Al Aïdi et Issam Chebbi (Al Joumhouri). Un cortège dont le passage par l’Avenue a été hué par des partisans du mouvement Ennahdha, occupant l’esplanade du théâtre municipal.

Séparés de leurs rivaux politiques par des barrières installées le long de l’allée centrale de l’Avenue ainsi que par un grand nombre d’agents des forces de l’ordre, ils ont installé des sonorisations rendant aisément audible la psalmodie de quelques sourates du Coran.

«Ainsi s’exprime la vraie reconnaissance à tous nos martyrs. Se recueillir à leur mémoire en récitant des sourates du texte saint vaut mieux que ces phrases dépourvues de sens que vous entendez. Ils sont là pour nous provoquer, mais nous sommes déterminés à ne pas réagir. Pour nous, il s’agit d’un évènement de grande envergure nationale et nous devons le célébrer comme il se doit, en signe de respect, d’amour et de gratitude à nos ancêtres qui ont enduré misère, répression et injustice afin de nous offrir ce qu’il y a de plus cher dans la vie: la liberté», avance Cheikh Tahar, un sexagénaire ayant le verbe facile.

Pas loin des partisans d’Ennahdha, les représentants de la ligue de protection de la révolution affichent une pancarte où on peut lire: «L’immunisation de la révolution est un devoir national». Ils regrettent beaucoup la présence et la circulation des «résidus du RCD» au moment où ils doivent disparaître de la scène.

«Si la loi relative à l’immunisation de la révolution était promulguée, ils ne seraient pas là aujourd’hui, ils ne circuleraient pas non plus aussi librement et aussi aisément. Nous continuerons à leur faire face, quoi qu’il arrive et où qu’ils soient», égrène Ahmed, tout en gardant un œil sur le cortège de l’Union pour la Tunisie poursuivant sa marche vers l’avenue Mohamed-V avant d’atteindre la place Bab Souika, où des discours des représentants des cinq partis étaient prévus.

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