Carthage… on partage!
Malgré les tensions sociales et sécuritaires en Tunisie, l’historique Festival International de Carthage se déroule actuellement comme prévu.
Les organisateurs de cet évènement, à Carthage, attendent la présence massive des touristes du Maghreb au cours de ces soirées.
Le mardi 16 juillet, Fadhel Jaibi présentera une pièce intitulée « Tsunami », qui traite de la situation du monde arabe en cette ère post-révolutionnaire et de la relation entre art et religion.
Les amoureux de l’art auront rendez-vous avec Zied Gharsa, Kazem El Saher, Majida El Roumi et Lotfi Bouchnak.
L’artiste algérien Cheb Khaled aura également l’opportunité de rencontrer ses fans tunisiens.
Pour leur part, les amateurs de reggae auront la chance d’admirer le chanteur jamaïcain Shaggy, la chanteuse française Patricia Kaas et le Malien Salif Keita.
« Cette année, l’administration a rompu avec les privilèges et le népotisme qui permettaient d’offrir un accès gratuit au théâtre« , a expliqué, la semaine dernière, le directeur du Festival Mourad Sakli au cours d’une conférence de presse qui a précédé le lancement de la 49ème édition de l’évènement. « Elle a également mis en place un équipement de surveillance et un système électronique de contrôle des billets à l’entrée du théâtre« .
Les organisateurs ont remplacé les sièges en plastique par de nouveaux, fixés au sol et d’un plus grand confort, « afin d’éviter la pagaille qui survient quand les gens changent de siège« , a-t-il ajouté.
Vendredi, le Festival a ouvert les bras à un public fidèle et à des dizaines d’artistes internationaux, ainsi qu’à des musiciens locaux.
« Comme d’habitude, chaque Tunisien trouvera dans ce programme ce qu’il cherche« , a déclaré le critique d’art Souhir Lahbaieb. « La programmation mélange des styles modernes et anciens, en particulier dans la mesure où les artistes viendront de plus de 80 pays et chanteront dans leur langue« .
Mais les Tunisiens s’inquiètent de plus en plus de la situation sécuritaire dans le pays.
Après le tristement célèbre assassinat politique de Chokri Belaid, les caches d’armes dans le désert, les camps montés par les extrémistes armés à proximité du Jebel Chaambi et le retour des jihadistes de Syrie sur le sol tunisien, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir du pays.
« Le maintien des manifestations du Festival de Carthage est un grand défi lancé à tous ceux qui cherchent à nous faire revenir dans le passé« , affirme Sanaa Baklouti, étudiante tunisienne en filière artistique.
« Au vu des développements majeurs en termes de sécurité que le pays a connus, en particulier dans la région du Jebel Chaambi, je m’attendais à ce que le ministère de la Culture coupe court à l’édition de cette année« , explique Mourad Debbabi, enseignant.
Il ajoute qu’en apprenant que le Festival aurait lieu comme prévu, « je me suis dit que la Tunisie ira bien tant qu’elle maintiendra son patrimoine culturel tel qu’il est représenté dans le Festival de Carthage. C’est un lieu où se rencontrent les cultures du monde entier, ce qui nous rend plus déterminés à avancer et à conserver nos gains modernistes« .
Le théâtre de Carthage, adjacent au palais présidentiel, à proximité de Tunis, peut accueillir 8 000 personnes. C’est un théâtre romain situé à l’ouest de Carthage, dans les faubourgs du nord de la capitale. Construit au deuxième siècle après Jésus-Christ, le site a été restauré au début du 20ème siècle. Il accueille le Festival International de Carthage chaque été, depuis 1964.
Les préparations en vue de la 50ème édition ont d’ores et déjà commencé. Shakira et l’artiste britannique Adele devraient figurer au programme de l’année prochaine.
Cette année, le festival fermera ses portes, le 17août.