Une Afrique multicolore!
«Le réveil de l’Afrique» est tout un univers où le plastique épouse l’émotionnel avec beaucoup de goût et d’harmonie.
Sous l’égide de la BAD (Banque Africaine de Développement), Ismail Ben Fradj, ex-professeur de l’Institut Supérieur des Beaux Arts de Tunis et doyen des architectes d’intérieur, vient d’organiser sa toute première exposition en Tunisie au Musée Sidi Bou Saïd (Galerie Hédi Turki), en hommage et en guise de remerciement à la BAD avant de nous quitter, et ce, pour les services qu’elle a fournis au peuple tunisien, durant son mandat en Tunisie.
La sûreté de sa main d’architecte s’allie à la délicatesse de son âme d’artiste et rehausse sa distinction artistique. Il a le pouvoir de donner à tous les sujets qu’il traite, sur l’espace infini qui se déploie dans ses tableaux, une dimension sublime et intemporelle. Plage de couleurs après plage de couleurs, ligne après ligne, et d’une construction à l’autre, le sujet apparaît comme lorsque Baudelaire parlait «Dans l’indéfini du lieu, dans l’indépendance du temps, le vivant ciselé sur la toile, baigné dans la lumière, jouit d’une ambiance intime et poétique».
Dans une succession intermittente et répétée de constructions, de déconstructions, il mélange, étale et étire la pâte huileuse des couleurs. Son geste progresse dans une horizontalité, de gauche à droite, qui, à chaque passage, crée une multitude de passages et un horizon nouveau.
La couleur transparaît dans des mélanges provoqués par des superpositions de va-et-vient de l’outil sur la toile. Le mouvement indépendant, n’ayant pas besoin de mécanique ou d’effets optiques pour sublimer un effet, s’opère par l’agencement et la construction des couleurs les unes près des autres dans une fresque de diverses formes et d’une palette aux couleurs vives et chaudes de l’Afrique. La technique témoigne d’une intelligence vive. Le peintre s’invente de nouveaux chemins pour investir l’espace vide sur la toile, tout en s’inspirant des motifs qui ornent généralement le tissu des vêtements traditionnels africains tels que le boubou, le pagne ou le foulard.
Le travail plastique de Ismail Ben Fradj nous donne à voir également l’humain, sa force et sa faiblesse : des hommes et des femmes, des corps et surtout des visages, qu’il crée parfois en mixant les techniques (huile, fusain, pastels secs, crayons).
Ismail Ben Fradj est un peintre qui pénètre au-delà de la représentation figurative et simple des sujets, et dévoile au spectateur l’existence permanente d’une douceur propre aux magies intérieures de chaque être et même de chaque construction colorée. Une exposition à voir jusqu’au 7 juillet prochain.