Il a été « é-Ping-lé »!
Ce sera donc finalement Nkosazana Dlamini-Zuma. La ministre de l’Intérieur de l’Afrique du Sud a, en effet, été élue à la tête de la Commission de l’Union Africaine, le 15 juillet 2012 à Addis-Abeba en Ethiopie, à l’issue du 4e tour du scrutin. Elle s’est payée même le luxe d’avoir plus des 2/3 de la majorité requise (37 voix contre 14). Son élection marquera en principe la fin d’une crise institutionnelle qui bloquait à bien des égards le fonctionnement de la Commission.
Quelque part, on ne peut que saluer ce dénouement, même s’il est vrai que la fracture va laisser des cicatrices pendant longtemps, cette situation ayant en effet mis à nu les interminables querelles de clochers entre anglophones et francophones, quand ce ne sont pas les pôles régionaux qui croisent le fer au grand dam de l’organisation panafricaine.
En réalité, avec cette défaite on se demande, avec le recul, si Jean Ping, déjà désavoué par une grande partie des Etats membres, n’aurait pas dû en tirer tous les enseignements et rendre le tablier plutôt que de rester accroché au risque de sortir par la petite porte, comme ça semble être le cas.
On a souvent reproché au Chinois, dont les Africains ne veulent plus actuellement, d’avoir chaussé des bottes de géants, en l’occurrence celles d’Alpha Omar Konaré, son prédécesseur, et de n’avoir donc pas l’étoffe de la charge.
Pour autant, il serait injuste de noircir complètement son bilan, car, après tout, le président de la commission n’est qu’un chef d’orchestre qui met en musique l’air que veulent entendre les chefs d’Etat.
Il se trouve qu’on a souvent assisté à une joyeuse cacophonie de nos dirigeants et il ne faut pas imputer au seul Jean Ping la responsabilité des cafouillages dans les crises ivoirienne, libyenne, etc.
Plus que son « démérite », c’est l’offensive de la première puissance du continent qui aura fait la différence, et aussi ce qu’on peut appeler la diplomatie de la couette.
En effet, la nouvelle patronne de la Commission a beau être méritante et compétente, on n’oublie pas qu’elle est l’ex-épouse de l’actuel président sud-africain, Jacob Zuma, dont elle porte toujours d’ailleurs le nom.
En tout cas, son élection à la tête de l’UA constitue un événement historique puisqu’elle est la première femme à y accéder et on espère que le flair et le 6e sens dont on crédite volontiers l’autre moitié du ciel seront mis à contribution pour épargner au continent noir les crises politiques et institutionnelles qu’il connaît régulièrement.