Euro…à fric?
La Commission de l’Union Africaine (UA) et la Commission Européenne (UE) se sont retrouvées, le 26 avril 2013, à Addis Abeba, en Éthiopie. Une rencontre qui entre dans le cadre de la 4ème réunion inter collèges. L’occasion a été donnée aux deux parties de faire le point sur les progrès du partenariat UE-Afrique et sur la vision commune de l’avenir.
Les présidents de deux commissions continentales Afrique et Europe, la sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma et le portugais José Barroso, ont publié une tribune commune. La convergence des vues est patente. Voici l’intégralité de ladite tribune.
Ce 26 avril, à Addis Abeba, en Éthiopie, se tient la 6ème édition de la réunion inter collèges entre la Commission de l’Union africaine et la Commission européenne. Nous ferons le point sur les progrès du partenariat UE-Afrique et réfléchirons sur notre vision commune de l’avenir.
Dans notre monde en constante évolution, une chose est sûre : l’Afrique et l’Europe resteront chacune le plus proche voisin de l’autre. Les 54 pays d’Afrique et les prochainement 28 États membres de l’Union européenne ont en commun une proximité géographique, une histoire et un devenir. C’est dans cet esprit que l’Afrique et l’Europe se sont rencontrées lors du sommet de Lisbonne de décembre 2007 pour créer le partenariat Afrique-UE, fondé sur une relation politique forte et une étroite coopération dans tous les domaines. Notre partenariat vise à combler l’écart de développement entre l’Afrique et l’Europe par une coopération économique resserrée et par la promotion d’un développement solidaire et durable sur nos deux continents, afin de vivre côte-à-côte dans la paix, la sécurité, la prospérité, la solidarité et la dignité humaine.
Depuis le sommet de Lisbonne, le monde a traversé d’autres changements profonds, notamment la crise financière mondiale et le « Printemps arabe », qui ont laissé leur marque en Afrique comme en Europe. L’interconnexion croissante de notre monde et le déplacement du centre de gravité politique au niveau mondial sont également des facteurs de changement importants pour les deux continents.
Entre-temps, notre partenariat est régulièrement monté en puissance, produisant de solides résultats dans un certain nombre de domaines clés. Nous collaborons très étroitement dans le domaine de la paix et de la sécurité, pour renforcer la capacité de l’Afrique de prévenir et résoudre les situations de crise et de maintenir la paix. Nous avons aussi de grands programmes en matière d’agriculture et de développement rural, d’infrastructures et d’énergie, d’environnement, de recherche et développement, ainsi que de mobilité des étudiants. Nos deux continents ont également renforcé leur coopération sur des problématiques mondiales, comme le changement climatique et la lutte contre le terrorisme.
L’Afrique et l’Europe doivent aujourd’hui relever un double défi : favoriser une croissance économique durable et faire en sorte que celle-ci soit inclusive en créant les emplois dont nos populations ont besoin. L’UE s’est engagée dans ce processus en 2010, en lançant l’initiative « Europe 2020 », qui expose la stratégie de croissance de l’Europe pour cette décennie. « Europe 2020 » traite à la fois des défis à court terme liés à la crise financière et des réformes structurelles à long terme qu’appellent la mondialisation, la pression exercée sur les ressources naturelles et le vieillissement démographique.
Pour parvenir à une croissance durable et inclusive, l’Europe s’est fixé une série d’objectifs ambitieux en matière d’emploi, d’innovation, d’éducation, d’inclusion sociale et de climat/d’énergie, à atteindre d’ici à 2020. L’UE a également remodelé sa politique globale de développement dans son « programme pour le changement », qui met davantage l’accent sur la gouvernance démocratique, sur le secteur privé et sur une croissance durable et inclusive. Les efforts de développement de l’Europe seront par ailleurs ciblés sur les pays les plus pauvres, en particulier en Afrique.
L’Afrique s’est rapidement remise de la crise financière mondiale, affichant en 2012 un taux de croissance de 5% pour l’ensemble du continent et des taux à deux chiffres dans plusieurs pays. Avec sa population qui devrait doubler d’ici à 2050 tout en devenant de plus en plus jeune et urbanisée, l’Afrique est mise au défi de maintenir son impressionnant taux de croissance actuel et de créer les millions d’emplois dont a besoin cette population croissante, notamment les femmes et les jeunes, ainsi que d’accélérer sa marche en avant vers les objectifs du millénaire pour le développement.
L’UA, qui fête 50 ans d’intégration continentale cette année, s’est attelée à la définition de son cadre stratégique à long terme pour relever ce défi. Elle a déjà mis en place un certain nombre de grands programmes phares, notamment la zone de libre-échange continentale (CFTA), le programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), le plan d’action de l’UA pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA), la vision pour l’industrie minière en Afrique (AMV), le programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (CAADP), l’architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) et le mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), qui concourent à la réalisation des objectifs de l’Afrique en termes de croissance et d’intégration continentales.
Tant pour l’Afrique que pour l’Europe, une croissance durable et inclusive requiert une action coordonnée aux niveaux continental, régional et national. Les institutions de l’UE et de l’UA doivent veiller à ce que les politiques et les programmes qu’elles appliquent à l’échelle continentale soutiennent véritablement la croissance du continent. Au niveau des États membres, une appropriation et un engagement pleins et entiers seront essentiels de la part des chefs d’État et de gouvernement, y compris aux niveaux régional et local. La société civile, notamment le secteur privé et les partenaires sociaux, devra aussi être pleinement associée, étant le véritable moteur de la croissance.
Les efforts déployés par l’UE et l’Afrique se conjuguent dans notre partenariat Afrique-UE. De nombreux progrès ont été accomplis depuis 2007, mais beaucoup reste à faire. Notre partenariat repose sur le constat, clair et partagé, que l’avenir de l’Afrique et celui de l’Europe sont intimement liés. Nous continuerons de coopérer sur des questions de dimension mondiale, d’œuvrer ensemble à la résolution des crises dans le domaine de la paix et de la sécurité, d’améliorer la gouvernance et de relever les grands défis en matière de développement, tels que ceux des migrations et de la mobilité, de la gestion des matières premières, de l’énergie durable, du commerce et de l’intégration régionale, ainsi que de l’agenda du développement post-OMD.
En avril 2014, l’UE et l’Afrique se réuniront de nouveau, cette fois à Bruxelles à l’occasion du quatrième sommet Afrique-UE, pour examiner ce qui aura été accompli dans le cadre de notre partenariat et formuler notre vision de l’avenir. Nous sommes deux continents, mais nous partageons une même vision d’un avenir pacifique, démocratique et prospère, dans l’intérêt de nos peuples. Unis dans notre partenariat, nous pourrons y parvenir.