Qui succèdera à Benoit XVI?
Une épaisse fumée noire s’est échappée de la cheminée de la chapelle Sixtine, mardi vers 19h40, pour signifier qu’un premier vote des 115 cardinaux électeurs réunis en conclave n’a pas permis d’élire un nouveau pape.
Vers 19h40, ce mardi soir, une fumée noire s’est élevée de la cheminée de la chapelle Sixtine. Le premier vote des cardinaux réunis en conclave n’a pas abouti à l’élection d’un pape. A 17h30, Mgr Guido Marini a prononcé les paroles qui ouvrent le conclave: «Extra omnes» («Tous dehors»).
Seuls les 115 cardinaux électeurs peuvent rester dans la chapelle Sixtine pour désigner celui qui succèdera à Benoît XVI, premier pape en sept siècles à avoir démissionné. Désormais, ils sont tenus au plus grand secret.
Vers 16h30, les cardinaux ont marché en procession de la chapelle Pauline à la chapelle Sixtine. Derrière des officiants portant des bougies et les maîtres de cérémonie, tout de rouge vêtus et coiffés de leur barette cardinalice, les cardinaux entonnaient la litanie des Saints. Ils se sont inclinés devant le maître-autel avant d’aller s’asseoir à leur place pré-attribuée. Ils ont ensuite prêté serment la main posée sur l’Evangile. Ils ont «juré de garder le secret absolu sur tout ce qui concerne directement ou indirectement les votes et les scrutins pour l’élection du souverain pontife».
Après l’«Extra omnes», le cardinal maltais de 87 ans Prosper Grech devait prêcher une «méditation sur la lourde tâche» qui attend les 115 cardinaux électeurs. Au terme de cette méditation, le prédicateur et Mgr Marini ont quitté les lieux. Des gardes suisses se alors postés à toutes les entrées de la chapelle.
Si un vote a eu lieu mardi soir. A partir de mercredi, quatre scrutins sont ensuite prévus chaque jour, deux en matinée et deux l’après-midi. Tous les bulletins sont brûlés en fin de journée pour effacer toute trace de scrutins très secrets dont les cardinaux ne peuvent faire état, même longtemps après. Grâce à l’adjonction de fumigènes, s’échappera une fumée noire si aucun pape n’est élu, blanche en cas d’élection. Selon les vaticanistes, et sauf surprise, le conclave qui s’ouvre devrait être court, de 2 à 4 jours au maximum.
Ce matin, ils ont participé à une messe solennelle en la basilique Saint-Pierre, marquée par un tonnerre d’applaudissements à l’ancien souverain pontife. A leur côté, la centaine de prélats ayant dépassé les 80 ans, qui ne participeront donc pas au conclave. Les applaudissements ont retenti pendant une minute dans la basilique et sur la place, où des milliers de chrétiens ont afflué dès 8 heures.
Lors de cette messe retransmise sur grands écrans, le cardinal Sodano a exhorté les cardinaux à «travailler tous ensemble pour construire l’unité de l’Eglise et à coopérer avec le successeur de Pierre». Il a cité un épître de Saint-Paul: «Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, soutenez-vous les uns les autres avec amour».
L’isolement des cardinaux est vraiment total, avait raconté un des cardinaux ayant participé à la précédente élection, celle de Joseph Ratzinger en 2005, le pape démissionnaire. Télévision, radio et journaux sont inaccessibles. Les téléphones portables sont bloqués. Mais nous pouvons parler.
Un anonyme raconte qu’à son arrivée à Casa Santa Marta, la très spartiate résidence des électeurs pendant leurs délibérations, il a pensé que les stores étaient cassés car il n’arrivait pas à les ouvrir. Il a vite découvert qu’ils étaient scellés afin que les pensionnaires soient bien coupés du monde. Même les femmes de ménage et les cuisiniers au service des cardinaux doivent faire la promesse de ne rien révéler de ce qu’il pourrait entendre ni surprendre. Aucun appareil électronique n’est toléré, et les télécommunications seront même brouillées autour de la chapelle Sixtine le temps du conclave.
Le cardinal britannique Cormac Murphy-O’Connor, actuel Archevêque émérite de Westminster, a raconté pour sa part comme il avait été frappé par le fait que celui appelé à devenir le chef d’1,2 milliard de catholiques devait être choisi parmi des hommes enfermés dans une pièce. «Je me souviens avoir pensé, en regardant les 114 cardinaux : L’un de nous va sortir d’ici avec une soutane blanche», a-t-il raconté à la BBC.
Plusieurs prétendants se démarquent, difficile de savoir qui succèdera à Benoît XVI. Un point de vue partagé par Mgr Jean-Michel Di Falco, évêque de Gap, sur Europe 1. «Il est assez difficile de faire des pronostics», a-t-il souligné. «Je m’attends à une surprise, à un nom qu’on n’a pas prononcé, à un homme auquel on n’a pas pensé, qui sera l’homme dont l’Eglise a besoin aujourd’hui».
Le futur pape devra posséder les qualités requises pour exercer les fonctions de souverain pontife. «J’attends que le pape soit un homme de prière, un homme de gouvernement, de communication, un homme jeune, un homme ouvert sur les différentes cultures, un guide pour la foi», a-t-il énuméré, sans toutefois être trop exigeant: «L’homme qui rassemblera toutes les qualités nécessaires n’existe pas, ou alors il serait Dieu», a-t-il lancé.