Non à la pédophilie!
La commission des cardinaux chargée de conseiller le pape sur les réformes dans l’Église catholique, vient de lui faire prendre sa première décision concrète.
Pendant 3 jours, le pape François a rassemblé au Vatican autour de lui, les 8 cardinaux membres de son conseil pour poursuivre l’examen des réformes urgentes au sein de l’Église catholique. Lorsqu’ils se sont retrouvés pour la première fois, du 1er au 3 octobre dernier, les cardinaux avaient commencé à examiner la situation des congrégations et conseils pontificaux de la Curie, les ministères du Vatican.
À la congrégation pour le clergé, la première à passer sous leur loupe, il avait été préconisé un dégraissage nécessaire, le pape ayant affirmé que l’Église avait besoin de moins de prêtres dans les bureaux au Vatican que des clercs engagés dans la pastorale dans les paroisses du monde. L’Église catholique, on le sait, manque de prêtres. Mais la tendance normale est aussi que beaucoup d’entre eux voient comme un signe de distinction extraordinaire d’avoir à travailler au Vatican, à côté du Souverain pontife. On se bouscule donc pour être parmi les rares fonctionnaires élus.
Cette situation pourrait changer désormais: une trentaine de prêtres des 4 continents ont déjà été priés de faire leurs valises et de rentrer dans leurs pays. L’examen des dicastères s’est poursuivi au cours de cette deuxième session de travail, ouverte mardi 3 décembre. Les 8 cardinaux, parmi lesquels le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, ont poursuivi leur travail, apparemment sans état d’âme. Ils se savent investis de la mission d’assainir et de manier ciseau et scalpel.
C’est pourquoi leurs suggestions ont abouti, jeudi 5 décembre, à une première décision spectaculaire de la part du pape: la création d’une commission d’experts contre la pédophilie. Elle se composera d’une douzaine de membres, a laissé entendre le cardinal américain Sean O’Malley, connu pour son engagement à sévir dans son diocèse de Boston (USA) contre les prêtres convaincus d’abus sexuels sur les enfants.
«Cette commission devra formuler des suggestions pour de nouvelles initiatives, en collaboration avec les évêques et les conférences épiscopales», a-t-il déclaré.
Et le cardinal américain d’estimer que le travail des experts va conduire l’Église à opérer une formation de qualité de ses futurs prêtres par un écrémage plus sévère.
«Jusqu’ici, l’accent a été mis sur les procédures juridiques et moins sur la réponse pastorale», a-t-il ajouté.
Le travail à venir consistera à créer les modalités pour assurer la sécurité de l’environnement des jeunes dans l’Église ; des codes de conduite professionnelle, la mise au point d’attestations d’aptitude au sacerdoce, des évaluations psychiatriques, la connaissance des lois civiles du pays où le prêtre est appelé à travailler. L’Église catholique s’engage aussi à soutenir les victimes et leurs familles.
La Commission des 8 cardinaux, désormais connue sous l’appellation du «G-8 de l’Église» entend prendre à bras le corps une des questions qui «a maculé de boue», pour reprendre l’expression de l’ancien pape Benoît XVI, l’activité de l’Église de ces dernières décennies dans des pays comme l’Irlande, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’Autriche. Ce ne sont là que quelques-uns des pays où le plus gros des cas de pédophilie ont été signalés, commis par des prêtres dans des instituts catholiques. Le problème y a eu une plus grande ampleur, la plupart des cas ayant été tus, pas connus ou résolus dans la discrétion et la sagesse des évêques locaux.