Livre d’histoire ou d’histoires?
L’Institut français d’Abidjan Plateau a servi de cadre à la dédicace du roman «Le rebelle et le camarade Président» de Venance Konan. L‘oeuvre de 282 pages, répartie en 28 chapitres, a été présentée par le professeur Germain Kouassi de l’université de Bouaké.
L’auteur, dans son roman, campe l’histoire de 10 années d’antagonisme entre des rebelles du nord dirigés par un certain Lasso et le camarade Président qui est au sud, dans une République sans nom.
En fait, arrivé au pouvoir dans des conditions particulièrement troubles, le camarade Président va se caractériser par trois gangrènes: tribale, patrimoniale et la recherche de la revanche clanique et partisane. Au point de se mettre à la disposition exclusive des siens. En les mettant à tous les postes du palais présidentiel. Les camarades Président s’est également illustré par le populisme et surtout son goût effréné pour les femmes qu’il collectionnait à travers son pays.
L’égocentrisme et le tribalisme qu’il cultivait ne seront pas sans conséquence. Une rébellion se crée dans le nord de la République innommée, avec un certain Lasso comme chef. Ce dernier dont la force réside dans les armes est promu au grade de commandant dans la deuxième ville du pays qu’occupent les insurgés. Il sera nommé, par la suite, chef de zone ainsi que d’autres rebelles qui couvriront toute la zone occupée. Cette nouvelle donne sera la porte ouverte aux exactions et atrocités sur les populations civiles. Tortures, viols, pillages, tout y passe. A la suite d’un accord de paix obtenu entre les deux antagonistes, Lasso est nommé ministre d’Etat, chargé de la Communication et de la Propagande dans le gouvernement d’union, avant d’être promu chef de l’ex-rébellion.
Bien que les faits relatés dans son oeuvre aient des similitudes avec l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, l’auteur soutient que «toutes correspondances et ressemblances ne sont que pure coïncidence». Pour le Pr Germain Kouassi, même si Venance Konan soutient ne pas parler de la crise ivoirienne, les personnages mis en scène, l’environnement et les circonstances particulières qui sont présentés ne peuvent que faire penser à ces tristes moments qu’a connus le pays. Au-delà, il estime «que ce récit se présente, de toute évidence et à maints égards, comme une source documentaire indiscutable pour les générations futures et pour tous ceux qui, sans nul doute, voudront comprendre certains aspects particuliers de ces événements historiques riches en questionnements».
Journaliste et écrivain, Venance Konan explique que par pure déformation professionnelle, il reste attaché au réel. Ce qui peut expliquer des ressemblances entre les faits qu’il campe dans son roman et les situations vécues en Côte d’Ivoire. Evoquant le style d’écriture de l’auteur, le professeur Kouassi se laisse séduire par sa simplicité.
«Le style est peu chargé et surchargé. Au contraire, la syntaxe est fluide, sans complexification et le vocabulaire est de toute transparence. S’il faut donc trouver une parenté à ce style, c’est plutôt chez les romanciers français de la première moitié du XVIIIe siècle qu’il faut la trouver».
Au total, «Le rebelle et le camarade Président» est, pour le présentateur du roman, «une leçon d’histoire et un enseignement multidimensionnel à valoir auprès des jeunesses africaines, en particulier auprès des générations présentes en mal de repères dans cette Afrique post-moderne». Cet ouvrage, est une réédition de fratmat éditions.
Marc Yévou