Le pape des pauvres chez les damnés de la terre! De l’Afrique, il n’avait eu qu’une vision lointaine depuis l’île italienne de Lampedusa. On le revoit encore sur cette rive de la Méditerranée où viennent s’échouer depuis des mois et des mois des vagues de migrants en détresse quand ils ne finissent pas dans les fonds marins après le naufrage de leurs embarcations de fortune. Au loin, on pouvait apercevoir les contours de ce continent à la dérive que le pape François visite depuis hier. Il a, en effet, entamé son tout premier périple africain au Kenya pour une visite de 6 jours qui, de Nairobi, le mènera dimanche en Ouganda puis en République Centrafricaine. Ainsi, « pope Francis », comme l’appellent affectueusement les Kényans, entend prêcher la paix, le dialogue entre religions et la lutte contre l’exclusion. S’il encouragera l’Eglise du continent, les jeunes catholiques en particulier, le pape effectuera également plusieurs visites symboliques, comme celle d’un immense bidonville au Kenya, d’un dispensaire en Ouganda, ou encore d’un camp de déplacés et d’une mosquée à Bangui, la capitale centrafricaine. Mais bien plus que le dialogue interreligieux en Ouganda, plusieurs fois victime d’attentats terroristes, et surtout en Centrafrique, enlisée dans une crise sans fin où Séléka et milices antibalaka multiplient les exactions, bien au-delà de la communion entre le souverain pontife et quelque 200 millions de catholiques africains, il s’agira d’abord de relever le défi sécuritaire. C’est en effet un séjour à haut risque, car intervenant dans un contexte sécuritaire très particulier marqué par la recrudescence des attentats et autres attaques terroristes. Pour cela les services de sécurité seront sur les dents. Rien qu’au Kenya on a mobilisé 10000 policiers et militaires, sans compter les 20 soldats d’élite spécialement formés en Italie pour assurer sa protection rapprochée. On se souvient qu’en étrennant son pontificat, l’évêque de Rome avait été présenté comme le pape des pauvres. En effectuant son premier voyage sur l’une des terres de prédilection de la pauvreté, on ne peut qu’imaginer les riches enseignements qu’il pourra en tirer. Après six jours d’immersion dans nos contrées désolées, quand au septième jour il retournera au Saint-Siège, espérons que notre pape des pauvres intercèdera auprès de la Providence afin qu’elle jette un regard encore plus compatissant sur ses créatures et plus particulièrement ces damnés de la terre qui ploient sous mille et un fardeaux plus lourds les uns que les autres. L’espoir est permis ; en tout cas pour celui qui est parvenu à rapprocher Cuba des Etats-Unis, ce qui en soit relève presque du prodige. Alors, parviendra-t-il à faire des miracles ou, tout au moins, à panser quelques-unes des nombreuses plaies du patient africain ? Dans tous les cas, prions, croisons les doigts pour que cette visite papale se déroule dans les meilleures conditions. Ce serait déjà un bon début.